Cela nous amène à la seconde leçon qui résulte de l’examen des données : le populisme constitue dans tous les cas un facteur aggravant dans la recherche et la mise en œuvre des solutions efficaces. La bonne gouvernance, on vient de le voir, est indépendante du système politique. Il est un fait que l’orientation populiste, où qu’elle s’exerce, se révèle gage de piètre gouvernance. Cela se vérifie par exemple avec Trump, mais aussi Bolsonaro, Modi pour d’autres raisons, et dans un premier temps Johnson. Yasha Mounk, dans Les Echos du 22 avril, dresse pour sa part le constat suivant : "les pays (dirigés par des) populistes ont complètement échoué dans leurs réponses. C’est le cas d’un populiste de gauche comme Andrés Manuel Lopez Labrador au Mexique ou d’un populiste de droite comme Bolsonaro au Brésil, d’un populiste dur comme Donald Trump ou d’un populiste modéré comme Boris Johnson. Et c’est particulièrement marquant pour les populistes de droite parce que le Covid-19 vient s’inscrire parfaitement dans leurs discours : cela fait des années qu'ils disent que le monde est très dangereux, que le danger vient de l'extérieur et qu'il faut fermer les frontières pour nous protéger ! Mais, parce que les populistes se méfient des experts, parce qu'ils ne savent pas gérer l'appareil d'État, parce qu'ils écoutent uniquement les médias qui leur disent que tout va bien, ils n'ont pas été capables de réagir à cette crise".
Relevons, dans le constat de Yasha Mounk, cette remarque sur l’inaptitude à gérer l’appareil de l’État. En fait, il faut aller plus loin : le "style populiste" de gouvernement implique la plupart du temps de subvertir ou de casser l’administration, comme l’illustre parfaitement la méthode de Donald Trump.
Y a-t-il un "style autoritaire" de réponse à la pandémie ?
À ce stade de la réflexion, il est nécessaire de revisiter un second postulat implicite : y a-t-il vraiment une approche qui serait propre aux "nouveaux autoritaires" dans le traitement de la crise pandémique ? Là aussi retenons deux enseignements.
On peut discerner – c’est la première leçon – un certain nombre de points communs, même si (nous allons y revenir) il importe de ne pas aller trop loin dans la démonstration. Nous l’avons déjà dit, les politiques efficaces ne sont ni autoritaires, ni populistes, ni libérales. Quel que soit le régime, identifier le plus tôt possible les porteurs de virus et les isoler est la bonne politique, pratiquer le confinement est l’option de repli si l’on n’a pas été en mesure de mettre en œuvre la première option, sortir du confinement dans de bonnes conditions est le défi commun aux différentes approches. En revanche la politique de la crise varie considérablement selon les modèles.
Au titre des points communs aux néo-autoritaires, on peut retenir les marqueurs suivants ;
- le déni initial, accompagné du maquillage des chiffres ;
- le rejet de la responsabilité sur un ennemi extérieur ou un adversaire intérieur ;
- l’utilisation opportuniste de la crise pour renforcer le régime ou lui permettre de marquer des points à l’extérieur ;
- enfin la brutalité dans la mise en œuvre des mesures répressives.
Nous laisserons au lecteur le soin d’appliquer cette grille de lecture au fil de l’actualité, mais prenons quelques cas emblématiques.
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