Soyons clairs, il ne s’agit nullement de demander un traitement de faveur pour la psychiatrie, mais seulement, et ce mot a un vrai sens, de traiter et de considérer la psychiatrie comme une discipline au même titre les autres et d’en finir avec le traitement de défaveur qui lui est fait depuis des dizaines d’années. C’était l’objectif de notre Manifeste de fin mai dont le titre Avec l’urgence sanitaire, l’urgence psychiatrique résume l’analyse que nous faisons à la fois de la situation créée par le Covid-19 et des défis qui nous restent à relever.
Vous avez lancé la plateforme CovidEcoute : quel en est le premier bilan ?
Moins d’un mois après la décision de confiner la population, FondaMental a réuni partenaires et soutiens et lançait CovidEcoute. L’objectif était de pouvoir apporter gratuitement une réponse très professionnelle aux besoins de celles et ceux pour qui le Covid-19 et le confinement ont été synonymes de souffrance, d’anxiété, de tristesse, de stress voire, comme nous l’avons constaté dans 10 % des cas, de pensées suicidaires.
Après avoir répondu à un court questionnaire évaluant notamment leur niveau de stress, d’anxiété ou encore de tristesse, les utilisateurs se voyaient proposer des conseils, des ressources (accès à différentes méditations en ligne en fonction des difficultés rencontrées, à des liens vers des sites ou contenus d’information sur des sujets divers comme le fonctionnement du cerveau, des fiches pratiques sur la santé mentale, etc.) et si nécessaire une téléconsultation de 45 minutes assurée par un psychologue ou un psychiatre bénévole formé à l’accompagnement des personnes souffrant de stress post traumatique. Chaque téléconsultation donnait lieu à compte-rendu et, si besoin, l’utilisateur pouvait faire à nouveau appel au même professionnel.
À un moment où les solutions numériques se sont développées à grande vitesse, l’accès à une plateforme sécurisée, la longueur de la téléconsultation, le caractère très professionnel de la réponse et la possibilité pour la personne qui le souhaitait de rappeler le même professionnel de santé ont fait sûrement l’originalité et le succès de CovidEcoute, qui a obtenu de ses utilisateurs la note de 4,5 sur 5.
En 6 semaines, plus de 5000 personnes ont évalué l’état de leur moral, et parmi elles, plus de 1500 téléconsultations ont été faites par et pour des personnes dont les deux tiers n’avaient jamais consulté de psychiatre ou de psychologue. Parmi les appelants, dont l’âge moyen était de 39 ans, 69 % étaient des femmes.
Les trois principales raisons de recours à CovidEcoute étaient la tristesse d’être séparé des siens (43 %), l’aggravation d’une souffrance antérieure à le Covid (42 %) et le confinement (41 %) avant les problèmes de sommeil (37 %) et les difficultés liées au surmenage et à la gestion du quotidien (20 %). Ces résultats ont confirmé l’urgence et l’importance de la demande et la nécessité d’un recours à des professionnels de santé mentale.
En associant aide immédiate et réponse systémique, CovidEcoute a permis de concilier les impératifs d’urgence et de structuration de l’aide apportée à des personnes qui, ne connaissant ni les signaux d’alerte ni le système de soins en santé mentale, étaient particulièrement à risque de passer à côté d’une pathologie potentiellement grave, voire invalidante.
Quels défis la psychiatrie doit-elle relever à l’heure du déconfinement et de ses conséquences ?
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