Néanmoins, la menace de sanctions joue également un rôle crucial dans ce système. En l'espace de deux semaines, début mars, le gouvernement municipal de Taipei a sanctionné 70 personnes pour violation des règles de la quarantaine, avec des amendes dissuasives pouvant atteindre 1 million de nouveaux dollars taiwanais (33 341 dollars US). Et la Loi spéciale de prévention du Covid-19, d’assistance et de relance (嚴重特殊傳染性肺炎防治及紓困振興特別條例) permet au gouvernement de filmer et de photographier les personnes enfreignant la quarantaine et de rendre leurs informations personnelles publiques - une approche de type “name and shame”. Cependant, la politique de quarantaine à Taiwan ne se résume pas à l’existence de sanctions : ainsi, le gouvernement a promulgué une loi visant à indemniser les personnes mises en quarantaine devant s'occuper d'enfants de moins de 12 ans. L'indemnisation s’établit à 1 000 nouveaux dollars taiwanais (33,35 dollars US) par jour.
En résumé, c’est la mise en quarantaine stricte des individus à risque, et non le confinement ou le déploiement de tests, qui est la véritable pierre angulaire de la gestion de crise taiwanaise. Ce système de quarantaine a permis au gouvernement taiwanais de prioriser les tests sur les personnes présentant les symptômes caractéristiques du coronavirus. S’appuyant sur un accès précis aux données et sur des sanctions prohibitives et complétée par des interdictions de déplacement et un dépistage préventif, cette approche stricte de la notion de quarantaine a jusqu'à présent permis à Taiwan de contenir la contagion.
Les hôpitaux taiwanais ont ainsi pu faire preuve d’anticipation et se concentrer sur la recherche d’une gestion optimale des flux de patients, afin de garantir l'isolement des patients infectés en cas d'augmentation soudaine du nombre de cas. Le pays dispose d'un nombre limité de lits dans les chambres d'isolement à pression négative, au nombre de 943, mais les responsables gouvernementaux ont annoncé qu’une reconfiguration des salles et le recours de chambres à un lit étaient possibles pour renforcer, si nécessaire, la capacité d'isolement. Le pouvoir exécutif a également adopté un budget spécial pour faire face au coût de la gestion de la crise, y compris son coût à long terme sur l'activité économique, lors de la promulgation de la Loi spéciale de prévention du Covid-19, d’assistance et de relance qui comprend un plan de relance d'un montant maximum de 60 milliards de nouveaux dollars taiwanais, soit 1,97 milliard de dollars US. Début avril, une annonce augmente le montant du plan de relance, avec des mesures qui atteindront au maximum 1 050 milliards de nouveaux dollars taiwanais (34,720 milliards de dollars US).
Dans l'ensemble, en dépit d’une population comptant 23,78 millions d'habitants, Taiwan est parvenu à se concentrer de manière très précise sur la gestion des cas individuels et de leurs proches. La réponse politique se caractérise sur une intelligence très précise de la situation sur le terrain dès les premiers jours de la crise, permettant de prévenir la contagion, puis par l’emploi des technologies numériques pour surveiller et informer, et enfin par une politique de sanctions crédible contre les comportements socialement dangereux.
Copyright : SAM YEH / AFP
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