Cette perspective est décevante. De surcroît, elle est peu réaliste, puisqu’elle table sur la réalisation de tous les engagements adoptés, y compris ceux de neutralité carbone qui paraissent pour le moins hasardeux. Il faudrait, pour rappel, diminuer les émissions de GES de 45 % à horizon 2030 par rapport à 2010 pour espérer rester sous les 1,5°C. Cela impliquerait une atteinte de la neutralité carbone en 2050 au niveau mondial.
De l’engagement à l’action
Au-delà des résultats obtenus à Glasgow, donc, c’est le fonctionnement même des COP qui doit interroger. Pensées comme un espace de réflexion multilatérale, ces conférences n’ont aucun caractère contraignant pour les parties prenantes. Elles se rapprochent plus de la "théorie fonctionnelle des régimes internationaux", telle que développée par Robert Keohane, que de la gouvernance climatique intégrée qui avait pû être envisagée à l’époque du protocole de Kyoto. Pourtant, la conception actuelle du consensus comme pierre angulaire du schéma de gouvernance climatique nous force à la déception chaque année. Si le régime actuel permet à certains États d’avancer plus vite quand d’autres se montrent réticents à prendre des mesures ambitieuses, il reste qu’il se trouve confronté au traditionnel enjeu de l’"action collective".
À ce titre, et pour une COP, la vingt-sixième édition du genre ne s’en sort pas si mal ; des accords relativement ambitieux ont été signés, qui pourraient permettre d’éviter quelques dixièmes de degrés de réchauffement avant la fin du siècle et les États ont été encouragés à réhausser leurs objectifs sur l’année à venir. Pourtant, il n’est plus temps de se contenter des effets d’annonce qui ont caractérisé les COP depuis leurs lancements en 1995. Dorénavant, la plupart des gouvernements mondiaux reconnaissent l’urgence climatique à laquelle nous faisons face, même s’ils ne sont pas encore prêts à sacrifier leurs intérêts individuels en faveur de l’action commune. C’est à ce titre que nous demandions, à quelques jours de la COP26, le passage d’une COP d’engagements à une COP d’action.
Force est de constater que ce virage n’a pas été pris. La signature du partenariat entre certains pays occidentaux et l’Afrique du Sud apparaît comme une initiative encourageante. De la même manière, les avancées sur le sujet de l’article 6, qui doit permettre la création d’un marché international de crédits-carbones, donnent une consistance supplémentaire à cette COP26. Il reste à espérer que ces deux initiatives, qui donnent la part belle à des formes d’action concrètes, traduisent les prémices d’un changement de paradigme pour les prochaines COP. Sans concession possible face à l’urgence de la situation climatique, l’objectif est aujourd’hui clair : donner les moyens aux parties de respecter leurs engagements pour demain.
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