Nous devons nous inquiéter que des journaux de l’establishment américain comme le New York Times aient tendance à renvoyer dos à dos M. Macron et M. Erdogan.
Il y donc pour la France un "combat des récits" à mener, une campagne de diplomatie publique importante à déployer, comme nous l’avions fait par exemple en 2005-2006. Il faut éviter, pour parler de manière très directe, que l‘étiquette d’"islamophobie" nous colle à la peau. Nous vivons dans un monde global, où nous ne devons ni mettre notre drapeau dans notre poche, ni apparaître insensibles aux autres cultures.
Nous devons aussi éviter de nous laisser enfermer dans un tête-à-tête France-Turquie, ou Macron-Erdogan, qui ne nous place pas au bon niveau et fait le jeu du dirigeant turc. Dans cette optique, les excès de M. Erdogan peuvent nous servir : tout à sa volonté d’installer un "conflit de civilisations", il vient de s’en prendre de nouveau à l’Allemagne, allant jusqu’à comparer le sort des musulmans dans l’Europe d’aujourd’hui à celui des juifs dans les années 1930. Il y a quelques années déjà le dirigeant turc n’hésitait pas à parler de "nazis" pour désigner les dirigeants du nord de l’Europe. Nos partenaires préféraient faire le gros dos, pour ne pas compromettre l’accord UE-Turquie sur les réfugiés.
La situation est aujourd’hui différente. La position interne de M. Erdogan s’est considérablement affaiblie. L’économie turque plonge. On peut se demander jusqu’à quel point ses gesticulations "civilisationnelles" (comme la récente reconversion de Sainte-Sophie en mosquée) peuvent renverser le courant de remise en cause du pouvoir d’Erdogan dans l’opinion turque, par exemple dans la jeunesse.
Surtout, la fuite en avant dans laquelle le Président de la Turquie est lancé l’amène à multiplier les risques – son soutien à l’Azerbaïdjan par exemple – et à cumuler les erreurs.
S’agissant de l’Europe, le Conseil européen du 1er octobre s’était conclu sur quelques ouvertures (concernant la modernisation de l’Union douanière par exemple), pour tenir compte du retrait des navires de forage turcs dans les eaux chypriotes. Il était couramment admis que c’était là le résultat de l’action d’Angela Merkel. L’idée de sanctions était repoussée.
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