Affaiblissement de la cohésion européenne
Mais la deuxième audience à laquelle Vladimir Poutine s’adressait était, bien sûr, l’opinion internationale : affaiblir la cohésion interne et la résolution des dirigeants européens est au cœur de la stratégie russe depuis longtemps et alimente la vision "antisystème" qui épouse souvent les arguments de Moscou.
Les débats aux États-Unis comme en France, deux pays en campagne électorale, montrent que cela fonctionne à merveille. La priorité de Joe Biden est de maintenir un front "occidental" (transatlantique) uni, l’un des objectifs de Vladimir Poutine est de le désunir et de défaire l’Occident.
C’est aussi ce qui se joue en ce moment, sous le regard attentif de Pékin. Cet Occident invoqué par Joe Biden existe-t-il encore ? Et surtout, comment se définit-il, que défend-il, et à quel prix ? Les divisions internes et les visions contradictoires de ce qui définit et constitue l’Occident se concentraient jusqu’à présent sur des problématiques intérieures, nationales, mais leurs conséquences internationales éclatent au grand jour. Donald Trump, qui vient à nouveau de soutenir Vladimir Poutine, et le trumpisme, qui définit désormais le Parti républicain et pourrait revenir au pouvoir au Congrès dans quelques mois - et à la présidence dans trois ans -, défendent une vision alternative de l’Occident, que l’on retrouve également en Europe, parfois parmi ses instances dirigeantes.
Vue des États-Unis, cette guerre cristallise aussi cette nouvelle fracture déterminante en politique étrangère, que certains caractérisent comme opposant les globalistes aux nationalistes, mais qui éclaire aussi la valeur accordée à la coopération internationale et au respect des peuples.
Avec l’aimable autorisation du journal Le Monde, publié le 28/02/2022
Copyright : Allison Joyce / AFP
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