La Turquie est notre alliée dans l'Otan, mais achète des avions pour nous combattre. La Russie de Poutine veut la mort de la démocratie libérale. La Chine nous impose sa puissance. Voici trois pays contre lesquels nous, Européens et Occidentaux, devons plus que jamais afficher notre fermeté. En sommes-nous capables ?
Turquie, Russie, Chine : la comparaison entre ces trois pays paraît artificielle. Pourtant, ils sont, chacun à leur manière, des "prédateurs". Et, comme tels, ils doivent être contenus.
Officiellement, la Turquie est notre alliée au sein de l'Otan. Mais un allié pour le moins atypique, qui achète à la Russie des avions capables d'abattre ceux de l'Otan. Au Moyen-Orient, la Turquie parraine politiquement les Frères musulmans, privilégie ses liens avec le Hamas et est intervenue de manière décisive en Syrie et, plus encore peut-être, en Libye, où elle achemine des armes et des mercenaires syriens. Dans les Balkans, elle promeut de manière active l'islam politique.
Comment la Turquie peut-elle concilier son comportement révisionniste, avec son maintien au sein d'une alliance dont l'ambition première est de défendre la démocratie et le statu quo territorial ? Une organisation, même et surtout "en état de mort cérébrale", pour reprendre la formule provocatrice et discutable d'Emmanuel Macron, n'a vraiment pas besoin d'un éléphant à l'intérieur de son magasin de porcelaine.
Connivence et rivalité
Symbole de la nouveauté des temps, on peut désormais légitimement comparer les comportements d'Ankara et de Moscou, deux puissances qui se rapprochent en maintenant entre elles une relation faite de connivence et de rivalité. Certes, la Russie, contrairement à la Turquie, n'est pas un allié. Elle est un adversaire, sinon une menace. La disparition de l'URSS, il y a près de vingt ans, a bien failli porter un coup fatal à l'Otan, qui s'est trouvée brutalement orpheline de sa "raison d'être" : contenir l'URSS. Ce qui est "rassurant" avec la Russie de Poutine, c'est qu'il n'y a pas d'ambiguïté avec elle. De l'usage du poison à celui d'Internet, le pouvoir russe entend éliminer ses opposants à l'intérieur, et déstabiliser ses rivaux à l'extérieur.
De fait, les similitudes entre la Turquie et la Russie semblent toujours plus grandes. Ce sont des régimes autoritaires, qui ont un agenda idéologique, sinon de "civilisation". Le projet n'est plus communiste en Russie et devient islamiste en Turquie. Mais l'adversaire principal est le même : le modèle sur le déclin - à leurs yeux au moins - de la démocratie libérale à l'occidentale.
Si cette analyse est exacte, une conclusion s'impose. Il faut contenir la Turquie, comme on l'a fait (et continue de le faire) de la Russie.
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