Dans l'ensemble, le renforcement des réglementations européennes est logiquement perçu comme de plus en plus contraignant. C'est ce qui ressort des éditions 2019 et 2020 du "Rapport sur l'environnement des investissements dans l'Union européenne" (欧盟投资环境报告) du Conseil chinois pour la promotion du commerce international.8 Le rapport 2019 commence par une évaluation positive des relations d'investissement entre l'UE et la Chine, avant de relever un certain nombre de problèmes. Les critiques soulignent en particulier le manque de prévisibilité du processus de filtrage des investissements, étant donné qu'il n'existe pas de normes européennes pour déterminer si une transaction affecte la sécurité et l'ordre public. Cela augmente les "coûts de mise en conformité des entreprises" (增加了企业合规成本). L'enquête révèle une inquiétude généralisée. 85,34 % des entreprises interrogées craignent que l'examen européen n'entraîne un traitement inéquitable (不公平对待) des investisseurs chinois. Le rapport 2020 réitère la question du coût de la conformité des entreprises et dénonce un problème imminent de "réglementations excessives".
Le rapport recommande de s'éloigner d'une approche de la sécurité étendue mais peu claire et d'adopter plutôt une "liste d'examen claire et exhaustive" (明确而穷尽的审查清单) qui créerait davantage de prévisibilité. Il recommande également, pour améliorer la transparence, la mise en service de canaux de communication pratiques pour les investisseurs étrangers, afin qu'ils puissent avoir une compréhension précise des politiques nationales pertinentes, en dessous du niveau de l'UE.
Dans ce contexte, les analystes chinois se penchent également sur la marge de manœuvre qu'il reste pour les futures opérations de fusions et acquisitions (M&A). Meng Ji'an, partenaire du cabinet juridique international Hawking Luwei, conseille aux investisseurs chinois d'éviter les zones sensibles et de concentrer leurs investissements européens sur des secteurs tels que le commerce de détail et la mode. Le respect de la législation est important, et il vaut la peine d'envisager de commencer par les petites entreprises et les start-ups. Xu Liang, un autre associé du même cabinet d'avocats, conseille aux entreprises de considérer l'Europe centrale et orientale comme un bon point d'entrée, étant donné que les IDE y sont moins sensibles qu'en Europe occidentale.
En effet, "tant que l'opération de fusion et d'acquisition s'inscrit dans le cadre de la légalité, son coût final et sa réalisation ou non ne seront pas la principale préoccupation du gouvernement". Leng Shuai énumère les secteurs couverts par le règlement de l'UE, qui invite la Commission et les États membres à évaluer l'effet d'une transaction particulière sur les infrastructures critiques, les technologies critiques et les biens à double usage ("y compris les technologies concernant l'intelligence artificielle, la robotique, les semi-conducteurs, la cybersécurité, l'aérospatiale, la défense, le stockage de l'énergie, les technologies quantiques et nucléaires, ainsi que les nanotechnologies et les biotechnologies"), les opérations ayant un impact sur la sécurité énergétique et alimentaire, l'accès aux informations sensibles, y compris les données personnelles, mais aussi l'impact en matière de liberté et de pluralisme des médias.
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