Selon d’autres données récentes, la Chine s'appuie de plus en plus sur son secteur public pour ses investissements en actifs immobilisés, dont le ralentissement actuel est considérable - sans compter que le commerce, la consommation et l'investissement sont tous en baisse. Dans le même temps, le gouvernement subit, en interne, des pressions de plus en plus intenses lui enjoignant d’assouplir la politique monétaire ou de procéder à une augmentation des dépenses publiques dans le but de stimuler la croissance - des évolutions qui risqueraient d’exacerber les "effets secondaires" de la dette chinoise. Pékin tente de répondre à ces désavantages structurels en affichant une volonté politique et, en conséquence, a réduit l’espace accordé aux discussions publiques sur ces questions.
La guerre commerciale est avant tout un jeu de stratégie. Si les États-Unis acceptent de lever les droits de douane, la Chine n'aura pas à affronter ces délicats compromis politiques. Or la partie américaine n'aura aucune raison de lever les droits de douane si elle a le sentiment que la Chine peut capituler. Malgré un accord de phase 1 à portée de signature, cette guerre d’usure dure depuis 500 jours et frappe les deux économies. Chacune des parties à tout intérêt à tenir jusqu'à ce que l'autre cède. Ceci explique peut-être en partie pourquoi les chercheurs publiant dans des médias moins visibles, au-delà des récompenses financières des revues universitaires, ont adopté un ton bien plus conciliant. Par exemple, le professeur Liu Feng (Institute of International Relations de l'Université Tsinghua)5 a récemment invité les chercheurs et décideurs américains et chinois à se pencher ensemble sur la recherche d’une gestion efficace de la compétition stratégique, afin de pouvoir éviter, à long terme, ces confrontations systématiques. Notons aussi dans une tribune que Song Guoyou a signée pour Le Quotidien du Peuple, il s’oppose à l'opinion selon laquelle "la Chine ne devrait pas riposter" et selon laquelle elle devrait "faire tous les efforts possibles pour satisfaire aux exigences des États-Unis". Bien qu'il dénonce ce point de vue comme étant "manifestement erroné, naïf et très dangereux", cette formulation reconnaît l’existence d’un débat, qui mérite d’être réfuté. Il demeure délicat de saisir la diversité de l’appréhension de l'impact de la guerre commerciale par le milieu académique chinois avec des sources vérifiées par l'État - les trois auteurs analysés dans cet article ne couvrent probablement pas la diversité de ces opinions.
1Song Guoyoun, "To End the War, China Should Fight, Must Dare to Fight, And Can Fight Well", People’s Daily 人民日报, 29 August 2019, http://opinion.people.com.cn/GB/n1/2019/0829/ c1003-31323709.html
2"Zhong Maochu, "China’s Economy Is Fully Capable of Coping with Escalating Sino-US Economic and Trade Frictions", Specials 特别策划, 14 June 2019.
3Ibid.
4Ibid.
5Liu Feng, "Limits and Management of Sino-US Strategic Competition", Contemporary International Relations 现代 国际关系, 2019, http://mall.cnki.net/magazine/Article/ XDGG201910003.htm
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