Cette dernière contradiction a survécu à la loi. Alors que le Unirule Institute, notoirement libéral (et depuis interdit d’exercer), plaidait en faveur de restrictions supplémentaires sur les monopoles administratifs, diverses autorités de l’ État se livraient à des batailles intestines ou à des luttes avec certaines entreprises d’ État, aux connexions souvent plus solides avec le cœur du pouvoir politique.
Les deux premières analyses de cette édition se font ainsi l’écho de deux courants de pensée des politiques économiques chinoises. Le premier est technocratique et compatible avec la notion d’autosuffisance : dans cette approche, monter en gamme et élargir la sphère sociale sont une manière de répondre aux turbulences venant de l’extérieur et aux enjeux d’une croissance ralentie. Le second courant est - implicitement seulement - un appel à la réforme en utilisant les pressions commerciales extérieures, ou gaiatsu, pour reprendre le terme utilisé au Japon lorsque l’archipel subissait une offensive de la part des États-Unis. Ce courant est aussi une réponse à l'insatisfaction croissante exprimée à l'étranger à l’égard d’une économie socialiste de marché et subventionnée, dans laquelle les acteurs privés perdent en influence, sauf lorsqu’ils deviennent eux-mêmes des champions nationaux soutenus par l’ État.
Ainsi, la pression étrangère pourrait en cela être un facteur déterminant, quand bien même Xi Jinping et le système d'État-parti semblent faire le choix clair d’une posture de résistance. Notre troisième analyse donne à voir une ligne dure de la posture chinoise tout au long du conflit commercial avec les États-Unis. Selon cette ligne, le découplage ne saurait avoir lieu, les réformes existantes sont suffisantes, et l’économie chinoise est résiliente. Notre auteur invité, Jiakun Jack Zhang, indique à juste titre que cet optimisme passe sous silence la réalité de la faiblesse de la consommation intérieure dans l’économie chinoise, et celle de l’augmentation de la dette, qui contraindra les dépenses futures. Ces réalités objectives expliquent pourquoi certains autres experts chinois invitent encore la Chine à accepter des concessions afin de mettre un terme au conflit commercial.
Là aussi, deux points de vue s’opposent, bien que l’un domine clairement l’opinion publique.
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