Cela ne manquera pas de donner lieu à de difficiles négociations et à des expressions de mauvaise foi à l’égard de l’urgence climatique. L'Europe a encore beaucoup à faire. C'est aussi le cas des autres pays que vous citez, même si eux aussi se mobilisent. Sous l’impulsion de Joe Biden, les États-Unis sont de retour sur les devants de la scène diplomatique en matière de climat et tentent de rattraper le temps perdu. Le mois dernier, la Chine a annoncé la fin de ses financements internationaux pour les centrales au charbon, une initiative profondément transformatrice. De la même manière, les territoires australiens sont très en avance sur leur gouvernement fédéral.
Au niveau mondial, on constate ainsi un effet d'entraînement positif derrière l’Europe, c'est certain. L'enjeu est aujourd’hui de l'accélérer fortement.
Les pays du G20 représentent 81 % des émissions mondiales de CO2. Lors du sommet de Copenhague, en 2009, les pays dits "développés" s’étaient engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an avant 2020 pour accompagner les pays dits "en développement" dans la lutte contre le dérèglement climatique. Compte tenu du non-respect de ces engagements, comment s’assurer que la COP26 soit celle de l’inclusion et de l’accompagnement des pays les plus fragiles vers des technologies plus vertes ?
Selon l'économiste Nick Stern du Grantham Institute à la London School of Economics, nous nous rapprochons enfin de cet objectif des 100 milliards. Plus précisément, nous devrions l’atteindre cette année ou l'année prochaine. Or, le respect de cet engagement est important au maintien d’un minimum de confiance entre pays riches et pays en développement, entre pays émetteurs et pays vulnérables. Néanmoins, il faut rappeler que cet objectif ne constitue qu'un seuil symbolique et non la fin de la course. La transition nécessitera de nouveaux soutiens aux pays les plus fragiles, pour s’assurer que nous évoluons dans un monde plus juste et donc plus sûr.
Comme vous le soulignez, la finance climat constitue l'un des grands enjeux de cette COP : il s’agit de dépasser une fois pour toutes le cap des 100 milliards et de lancer une puissante dynamique de mobilisation des investissements pour le climat. Pour cela, il n'est plus seulement question de technologie. Il est aussi nécessaire d’améliorer la conception de ces investissements, notamment par les financements mixtes, afin d'en diminuer les risques et de générer des effets d'attraction.
Enfin, il nous faut faire face à la réalité : les premiers effets du dérèglement climatique sont déjà là. À ce titre, il est nécessaire que la COP26 dédie une importante part des négociations à la mobilisation des financements pour l'adaptation aux conséquences de la crise climatique (sécheresses, ouragans, inondations, canicules, etc.). Les investissements pour permettre une meilleure adaptation devraient désormais représenter la moitié de toute la finance climat.
Nous disposons encore de quelques années pour éviter les pires conséquences du changement climatique, mais l’action climatique doit pour cela devenir une réalité et une ambition de toutes et tous. L’été 2021 nous a rappelé à la dure réalité de la crise climatique : nous sommes tous concernés.
Copyright : Hector RETAMAL / AFP
Ajouter un commentaire