La voie de l'émotion
Cette évolution à court terme, qui peut donner aux différents protagonistes du Brexit l'illusion du succès et d'un processus gagnant-gagnant, ne saurait masquer la réalité. C'est l'inverse qui s'est produit. Pour la Grande-Bretagne, le pire - un départ sans accord - a certes été évité. De la même manière, l'Union européenne a réussi à maintenir jusqu'au bout, et en dépit des efforts de la diplomatie britannique, la cohésion entre ses membres. Mais, avec le temps, le coût économique ira grandissant pour une Grande-Bretagne qui a préféré la voie de l'émotion à celle de la raison.
Il faut le rappeler : l'économie de la Grande-Bretagne représente 20 % de celle de l'Union. En 2019, 46 % des exportations de marchandises britanniques sont parties vers le continent. Dans le sens inverse, les exportations de l'Union vers le Royaume-Uni ne constituaient que 15 %. Martin Wolf, commentateur économique renommé du Financial Times, compare la situation de la Grande-Bretagne par rapport à l'Union à celle du Canada face aux États-Unis. Avec une interrogation : la Grande-Bretagne pourrait-elle devenir pour une partie de la droite en Europe ce qu'est le Canada pour une partie de la gauche aux États-Unis : un modèle, de libéralisme économique pour les Britanniques, d'humanité pour les Canadiens ?
L'Europe kidnappée
Sur un plan strictement politique, l'Union européenne a perdu avec le Royaume-Uni (pour combien de temps encore, si l'Ecosse prend son indépendance et si l'Irlande du Nord rejoint l'Irlande ?) la "mère des démocraties".
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