Un isolement de facto
On pourrait multiplier les arguments de bon sens économiques et stratégiques en faveur du maintien dans l'Union. C'est ce que fait avec talent Martin Wolf dans les colonnes du Financial Times. La taille est importante, dit-il. En termes bilatéraux, l'Union européenne compte beaucoup plus pour la Grande-Bretagne que l'inverse. De la même manière, l'Union européenne est un marché beaucoup plus important pour les États-Unis que ne peut l'être la Grande-Bretagne. Londres peut-il vraiment se permettre de défier de manière unilatérale Washington sur la question centrale en termes réels tout autant que symboliques, de la 5G ? L'isolement de facto dans lequel se place le Royaume encore Uni, est beaucoup moins "splendide" que ne l'avancent les partisans victorieux du Brexit. On ne peut à la fois quitter "l'école Union européenne" et être le mauvais élève de "la classe atlantique" en s'appuyant en dépit de cela sur une prétendue relation spéciale entre Anglo-Saxons. On ne peut vouloir devenir une "Méga Singapour sur la Tamise" et s'opposer frontalement, seule, à la Chine en matière de liberté et de droits de l'homme, comme la Grande-Bretagne a la tentation de le faire sur la question de Hong Kong.
Rapport de force inversé
Mais au-delà de la raison il y a les émotions. Et sur ce plan, le rapport des forces psychologiques s'est modifié, certains diraient qu'il s'est renversé au cours des derniers mois. Au lendemain de l'élection d'Emmanuel Macron en 2017, mes amis antiBrexit de l'autre coté de la Manche, cherchaient désespérément un Macron britannique. Au lendemain de l'élection triomphale de Boris Johnson, ce sont les conservateurs français qui se demandent où ils pourraient trouver un "Bo Jo" français. Dans l'imaginaire de Britanniques un tant soit peu connaisseurs de la France - et ils sont nombreux - l'image de Macron/Necker a commencé à se substituer à celle de Macron/Bonaparte.
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