Certains de ses membres semblent - par le traditionalisme de leurs vêtements, sinon par le langage de leurs corps - sortis tout droit d'albums de photos de la fin des années 1940. Viennent-ils de procéder à la partition de l'Inde ou s'apprêtent-ils à provoquer l'éclatement de la Grande-Bretagne ? Loin de se réjouir des avatars - l'expression de catastrophes serait plus juste - que traverse la "perfide Albion", les amis et partenaires du Royaume-Uni, devraient s'inquiéter de son avenir et de celui de l'Europe, sinon plus globalement de celui de la démocratie tout court. Du maintien de la paix en Irlande, à la problématique de l'unité avec l'Ecosse, tout semble soudain remis en question par les prétentions de certains Brexiters qui veulent donner l'impression qu'une renégociation avec l'Union de l'essentiel des termes du Brexit est encore possible.
Johnson et le syndrome Salvini
Tous les scénarii sont ouverts. Comme Matteo Salvini, Boris Johnson peut perdre son pari. L'agitateur italien comptait sur le soutien de l'opinion, confirmée par des sondages favorables, et sur la division de ses adversaires. Il allait provoquer de nouvelles élections et gouverner ainsi seul ou presque. Il se retrouve désormais dans l'opposition et ce peut-être pour longtemps : à moins qu'il ne tente, comme Mussolini avant lui, quelque "Marche sur Rome". Boris Johnson peut lui aussi se retrouver mis en minorité la semaine prochaine par un vote de défiance d'un Parlement qui a du mal à digérer, tous partis confondus, d'avoir été suspendu pendant près de cinq semaines. Certes la perspective de voir un socialiste archaïque comme Jeremy Corbyn, succéder à Boris Johnson peut freiner bien des indignations. Mais ce qui est en jeu, c'est tout simplement l'avenir - non seulement des relations de la Grande-Bretagne avec l'Union européenne - mais de la démocratie parlementaire, qui mérite bien une union sacrée "à l'italienne" : "tous contre Johnson".
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