La victoire sans appel de Boris Johnson, même si elle doit conduire à une période difficile pour les Anglais, n'en reste pas moins une victoire de la démocratie. Alors que ses grands voisins européens, France et Allemagne, voient leurs leaders politiques mis en difficulté dans l'opinion ou dans la rue, Boris Johnson est aujourd'hui le dirigeant politique le plus en phase avec ses concitoyens en Europe.
"The People's Government". La formule presque française trône fièrement derrière Boris Johnson alors qu'il prononce son premier discours de candidat victorieux.
Comment expliquer ce triomphe électoral ? Qui est vraiment Boris Johnson ? Quelles sont les conséquences pour l'Union européenne de l'émergence d'un Premier ministre fort en Grande-Bretagne ? Enfin, le résultat des urnes est-il une victoire pour le populisme, pour le nationalisme ou pour la démocratie ? Telles sont les principales interrogations auxquelles il convient de répondre "à chaud", sans le bénéfice du recul.
Tourner la page
"Si vous ne voulez plus entendre parler du Brexit, ne le faites pas", disait l'ancien Premier ministre britannique, Tony Blair. Les électeurs en ont décidé autrement. Ils ont suivi Boris Johnson dans la simplicité de son slogan de campagne : "Get the Brexit done". "BoJo" a compris que la majorité de ses concitoyens voulait avant tout tourner la page d'un débat, répétitif, chronophage, auquel ils ne comprenaient plus rien. Et tant pis si le pire reste à venir : la négociation avec l'Union européenne, les tentations séparatistes de l'Ecosse, renforcées par la victoire des nationalistes écossais, ou d'intégration de l'économie d'Irlande du Nord dans l'économie de la République d'Irlande. Dans l'étalage de ses divisions, de ses petitesses, le Parlement britannique - poussé sans doute délibérément à la faute par Boris Johnson - s'est en quelque sorte piégé lui-même. "Pouvons-nous revenir à nos séries télévisées préférées plutôt que de regarder le spectacle répétitif et ennuyeux à la longue d'une démocratie représentative incontrôlée ?" semblent avoir dit les Britanniques, tout au moins les anglais.
La volonté de tourner la page s'est imposée également avec le rejet du leader du Parti travailliste. Tout autant qu'un "oui" au Brexit et à Boris Johnson, le scrutin du 12 décembre est un "non" à Jeremy Corbyn, à son anachronisme, à ses excès anticapitalistes, à ses silences et ses ambiguïtés devant les dérives antisémites d'une partie significative de son entourage. L'échec retentissant du parti Lib Dems est aussi celui de son leader Jo Swinson, qui n'a même pas été réélue en Écosse.
Johnson, plus complexe qu'il n'y paraît
Cette trompeuse victoire de la clarté a été incarnée par un homme, parfaitement britannique dans son excentricité, mais contenant - cela fait partie de son charme - une part de mystère.
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