Mais cet optimisme est-il fondé ? Mes interlocuteurs d'aujourd'hui ne sont-ils pas ceux qui croyaient impossible hier la victoire du "oui" au référendum sur le Brexit ?
Climat délétère
La prudence s'impose d'autant plus, que, précisément, la gestion de Boris Johnson est tout sauf contrôlée, du Brexit au Covid. Le mot qui revient souvent est celui de "chaos". Tout se passe comme si le parti conservateur s'était substitué au parti travailliste dans l'étalage de ses divisions et contradictions. Le récent départ de Dominic Cummings, l'éminence grise de Boris Johnson, n'a été que la dernière et la plus spectaculaire illustration du climat délétère qui existe au sein du gouvernement et du parti conservateur. Au moment où l'opposition travailliste s'est enfin trouvée un leader compétent, modéré et responsable en la personne de Keir Starmer, c'est le parti conservateur qui se "désagrège". Mais les élections - sauf accident majeur - ne sont pas pour demain. Il peut se passer tant de choses en quatre ans.
Sur le plan international, la défaite de Donald Trump est - au moins de manière symbolique - un revers pour Boris Johnson. Même s'il ne faut pas exagérer la proximité entre les deux hommes. En dehors de leurs penchants populistes (et de la couleur de leurs chevelures), ils sont profondément différents, tant sur le plan de leur culture, de leur éducation, que sur le fond. Le Britannique souffre de sa légèreté, l'Américain de sa "lourdeur".
Ce qui affaiblit vraiment la position de la Grande-Bretagne aujourd'hui, ce n'est pas le départ de Trump de la Maison-Blanche. Mais celui de la Grande-Bretagne de l'Union européenne. Après le Brexit, Joe Biden sera encore plus tenté de regarder du côté de Berlin, et idéalement pour nous, Français, du côté du couple franco-allemand. Les cartes de la Grande-Bretagne dans le monde se réduisent comme une peau de chagrin. Comme un miroir grossissant, le Brexit fait ressortir ses faiblesses et ses limites intrinsèques.
Ajouter un commentaire