Le Collège de Défense du G5-Sahel représente pour l’instant l’apport le plus intéressant de cette structure.
Une situation qui se dégrade depuis 2015
Au bilan, dans une sorte de fuite en avant organisationnelle, on a multiplié les structures supranationales, en essayant d’y impliquer le maximum de partenaires, alors que le problème résidait surtout dans le fait que les soldats locaux n’étaient pas bien payés, équipés, entrainés, gérés et commandés. Dans ces conditions, et compte tenu par ailleurs de l’incapacité des États, malien et burkinabé en premier lieu, à assurer leur mission d’administration et de justice sous couvert de forces de sécurité efficaces et légitimes, il n’a pas été possible d’enrayer la dégradation de la situation à partir de 2015.
Malgré les accords d’Alger, le conflit du nord Mali contre les séparatistes est resté gelé. De nouvelles organisations djihadistes sont apparues sur de nouveaux espaces comme le Front de libération du Macina (FLM) au centre du Mali, qui finit par s’associer à Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), Ansar Dine et Al-Mourabitoune pour former en 2017 le Rassemblement pour la victoire de l’islam et des musulmans (RVIM). On a vu apparaître également l’État islamique au Grand Sahara (EIGS) dont l’action s’étend dans la zone des "trois frontières" entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Les attentats spectaculaires se sont alors multipliés dans les capitales et par la force ou la séduction d’une offre alternative de justice, les djihadistes ont étendu leur influence dans les zones rurales.
Par contrecoup, on a vu également se multiplier, parfois avec le soutien des gouvernements mais sans réel contrôle, des milices d’autodéfense nourries par les tensions socio-ethniques croissantes et les nourrissant aussi par leurs exactions. Ce qui a fini par créer un troisième foyer de crise à la frontière malo-burkinabé.
Face à cela, la stratégie générale française a peu évolué, sinon dans le sens d’une plus grande pression militaire. À la fin de l’année 2018, le taux mensuel de pertes ennemies est passé à presque 20, sans que cela ait changé fondamentalement la situation. L’année 2019 a été une année noire. La violence a doublé par rapport à l’année précédente. Les armées locales ont subi des coups très forts de la part des groupes djihadistes et se sont trouvées au bord de l’effondrement. Dans le même temps, l’image de la France, accusée simultanément d’impuissance, de protéger les séparatistes de l’Azawad, de soutenir des gouvernements corrompus et de s’être associée à des groupes d’autodéfense ou des armées coupables d’exactions, s’est dégradée. Il a fallu cependant l’émotion provoquée par la mort de 13 soldats français le 25 novembre, pour provoquer une réaction forte qui aurait dû être prise beaucoup plus tôt.
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