Toute tentative de rapprochement de Washington avec Beijing sera dénoncée - par les républicains qui veulent reprendre le pouvoir en 2024 - comme une trahison "munichoise". Et elle risquera d'être perçue comme telle par une majorité d'Américains.
Trump, "l'idiot utile" de Xi Jinping
En devenant la préoccupation principale en matière de politique étrangère de l'Amérique, la Chine a-t-elle obtenu ce qu'elle désirait, a-t-elle ainsi effacé l'humiliation qui fût la sienne pendant plus d'un siècle ?
Ou bien a-t-elle plutôt perdu au change, en avançant ainsi - de Hong Kong à Taïwan - ses ambitions en pleine lumière ? L'Histoire le dira. Pour l'auteur de ces lignes, Donald Trump pourrait rester comme un cadeau empoisonné : "l'idiot utile", en dépit de sa combativité commerciale, la "carte secrète" de Xi Jinping dans son processus de centralisation toujours plus grand du pouvoir ? N'est-il pas la preuve absolue que la démocratie mène au chaos, que pour faire face à une pandémie, rien ne vaut un régime autoritaire, une gestion ultra-centralisée qui rappelle aux citoyens l'impératif collectif du civisme ? Certains commentateurs au début du virus ne disaient-ils pas que le Covid-19 serait pour la Chine l'équivalent de ce que fut Tchernobyl pour les Soviétiques, un "tsunami social" qui entraîna six ans plus tard l'effondrement de l'Empire ? De fait, c'est exactement l'inverse qui s'est produit et la Chine peut aborder avec confiance, au moins l'avenir immédiat. Et si Donald Trump et le Covid-19 n'avaient été que deux virus, l'un politique, l'autre sanitaire, dont la simultanéité avait eu pour résultat d'approfondir et d'accélérer les avantages de la Chine - ou pour le moins, ceux de Xi Jinping et du parti communiste chinois - ce qui n'est pas nécessairement la même chose.
Dialogue plus confiant
Au-delà de ces considérations, à Beijing on mesure avec pragmatisme les avantages et les inconvénients pour la Chine de la victoire de Joe Biden. Sur le plan des gains, Américains et Chinois n'apparaîtront plus seulement comme des rivaux mais comme des partenaires. "Biden voit la Chine comme un compétiteur, Trump la considérait seulement comme un adversaire. Les relations entre compétiteurs sont fondées sur des règles." Ce point de vue d'un expert chinois, rapporté par le New York Times, résume assez bien la position chinoise.
Ajouter un commentaire