Mais c’est sans doute l’Algérie, déjà très impliquée dans la vie économique malienne au nord du pays qui pourrait jouer un rôle majeur dans les prochaines semaines entre la junte et la communauté internationale. Le Président algérien Abdelmadjid Tebboune a déjà fait savoir qu’il estimait raisonnable une période de transition de 12 à 16 mois. Il s’est proposé à aider à la mise en place d’un plan de crise. L’Algérie a toujours surveillé de très près ce qui se passait dans le nord du Mali afin d’éviter toute velléité irrédentiste dans le sud algérien.
Sur le plan militaire, quel avenir peut-on envisager pour les présences française et européenne sur le territoire malien, notamment face à l’intervention du groupe Wagner ?
La France est plus que jamais piégée au Mali. Les autorités ont confirmé qu’elles avaient bien reçu de la junte malienne une demande de révision des accords de défense. Ces accords avaient été confirmés par un traité de coopération signé le 16 juillet 2014 à Bamako. Ce traité encadre l'organisation, l'équipement et l'entraînement des forces, l'échange d'information ou encore l'organisation de transits, de stationnements temporaires, d’escales aériennes. Homme fort du régime, le Premier ministre Choguel Maïga reproche à la France d’entraver des opérations aériennes de l’armée malienne. La position française va vite devenir intenable vis-à-vis de ses partenaires européens qui s’interrogent de plus en plus sur le maintien de leurs militaires au Mali, en particulier les Suédois, bien que ce soit l’un de leurs officiers qui soit à la tête de "Takuba" (Forces spéciales européennes). Les Allemands du gouvernement de l’après-Merkel s’interrogent également sur leur présence dans la Minusma (Mission des Nations Unies au Mali) et EUTM Mali (Mission de formation de l’Union européenne Mali). Avec un ravitaillement aérien interdit et un ravitaillement terrestre bloqué par des manifestations, l’opération Barkhane va vite être coincée à Gao.
Quant à l’intervention du groupe Wagner, elle sert surtout de leurre à une nouvelle stratégie russe qui a longtemps eu une coopération militaire importante avec ce pays. À l’image de son arrivée en Centrafrique dans les négociations en 2019 entre les groupes armés de la Seleka et le pouvoir à Bangui du président Faustin Archange Touadéra, la Russie pourrait rêver de jouer le rôle de facilitateur entre le GSIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans) et la junte à Bamako.
Copyright : Thomas COEX / AFP
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