Sur le sujet du partage de la valeur ajoutée, Emmanuel Macron propose de créer un "dividende salarié", dispositif qui prendrait la forme d’un versement obligatoire de prime exceptionnelle de pouvoir d’achat ou de primes "d’intéressement et de participation" aux salariés, dès lors que l’entreprise verse des dividendes aux actionnaires.
Si ces mesures sont de nature à augmenter le pouvoir d’achat des Français et à répondre à certaines des revendications sociales, le financement de telles propositions est plus difficilement perceptible. D’un point de vue budgétaire, la plupart des mesures d’Emmanuel Macron sont onéreuses : à titre d’exemple, le triplement de la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat pourrait coûter jusqu’à six milliards d’euros par an aux finances publiques, soit, à titre de comparaison, la moitié du coût projeté du Ségur de la Santé pour 2022 ou encore l’équivalent pour l’État de la construction de 450 000 logements sociaux supplémentaires par an.
Or les enjeux budgétaires du prochain quinquennat - bien loin du cœur du débat électoraliste de l’entre-deux-tours - sont réels et préoccupants. La loi de programmation des finances publiques couvrant la période 2018-2022, adoptée début 2018, prévoyait de réduire l’endettement public de 96,7 à 91,4 % du PIB en cinq ans, et de ramener le déficit de l’ensemble des administrations publiques à - 0,3 % du PIB. Mais la récession provoquée par la crise sanitaire en 2020 et les dépenses exceptionnelles de soutien aux entreprises ont fait exploser les comptes publics : le déficit et la dette publics ont atteint respectivement 6,5 % et 112,9 % du PIB en 2021. À noter toutefois, les dépenses publiques se sont relativement moins accrues en France que chez nos voisins européens : entre 2019 et 2021, elles ont augmenté de 10,7 % en moyenne en France contre 14,5 % dans la zone euro. Ainsi, sur les 560 milliards d’euros de dette supplémentaires qui ont été accumulés entre 2017 et 2021, près de 320 milliards sont imputables à la crise sanitaire : 165 milliards d’euros de "quoi qu’il en coûte" et environ 160 milliards d’euros de baisse de recettes fiscales et sociales. Il y a donc eu - au cours du dernier quinquennat d’Emmanuel Macron - une hausse de la dette publique de près de 240 milliards d’euros, liée essentiellement à la gestion "courante" des finances publiques par l’exécutif.
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