L’été fut tout aussi agité en Algérie et au Maroc, puisque l’Algérie annonçait le 24 août avoir rompu ses relations diplomatiques avec son voisin. Une querelle opportune pour le gouvernement algérien, qui, en pointant du doigt tantôt un mouvement autonomiste kabyle soutenu par le Maroc, tantôt la politique marocaine de rapprochement avec Israël, détourne l’attention des graves difficultés économiques et institutionnelles que traverse le pays. Le Maroc, lui, continue de son côté de renforcer son positionnement et son indépendance en tissant des liens étroits avec les grandes puissances, qu’il s’agisse de la France, des États-Unis avec les accords d’Abraham, ou encore de la Chine. L’affaire Pegasus, enfin (où le Maroc a été accusé - ce qu’il a nié - de s'être appuyé sur une technologie développée par la société israélienne NSO pour déployer une opération d’espionnage de grande envergure, NDLR) démontrerai la normalisation en cours des relations israélo-marocaines.
Le destin de l’Europe est intimement lié à celui du Maghreb
Quelles conséquences ces dynamiques régionales emporteront-elles pour l’Europe ? Comment cette dernière doit-elle réagir face aux risques que soulèvent les situations tunisienne, algérienne et marocaine ? En Tunisie, si les États européens, qui craignaient l’émergence d’un mouvement populaire ou la survenue d’un coup d’État militaire, furent tout d’abord soulagés par la décision du président Saïed, leur patience pourrait bien s’amenuiser si la situation perdurait sans que soient mis en œuvre des changements concrets. Pour autant, ni la France ni l’Europe ne disposent de moyens de pression significatifs : le président Saïed, mal connu des Européens et jugé très nationaliste, a besoin d’une poursuite de la coopération et d’un soutien financier. Plus qu’une éventuelle pression diplomatique, c’est la pression économique intérieure qui fera bouger les lignes. Un groupement de pays amis, qui devra compter la France, l’Allemagne et l’Italie, mais aussi l’Algérie et les États du golfe, devrait établir rapidement un dialogue avec le président Saïed pour encourager une transition institutionnelle rapide qui devra s’accompagner de réformes économiques substantielles en échange du soutien financier dont a besoin la Tunisie.
Ajouter un commentaire