De plus, la disparité de l’accès aux soins est importante en France. Selon notre zone géographique, notre environnement socio-économique, notre sexe mais aussi notre couleur de peau, nous n’avons pas accès à la même prise en charge. Encore une fois, aucune souffrance ne devrait être sous-évaluée. Un retard de diagnostic entraîne de nombreuses autres complications psychologiques, physiques et sociales. Aujourd’hui, l’accès à un psychologue de ville n’est pas pris en charge par l’assurance maladie : leur remboursement est une première étape indispensable pour un meilleur accès aux soins. Ce sont actuellement les antidépresseurs qui sont remboursés, et majoritairement prescrits par les généralistes qui se retrouvent alors débordés. Nous pourrions également envisager une formation du personnel de l’Éducation Nationale à la prévention des troubles psychiques. Ainsi que le renforcement ou la généralisation de cours, dès le plus jeune âge, sur la Santé Mentale, le bien-être émotionnel, le consentement, la sexualité mais aussi des informations claires et objectives sur les réseaux sociaux qui font maintenant partie intégrante de la vie des adolescents.
Quelles bonnes pratiques ou expériences internationales peuvent nous inspirer ?
Au Danemark, dès l’école primaire, il est demandé aux élèves comment ils se sentent chaque matin sur une échelle de 1 à 10. Puis, les enfants se questionnent tous ensemble sur la manière d’aider ceux qui se situent en dessous de 5. Cette introduction, qui permet de cultiver son empathie tout en acceptant nos différences, est suivie par une méditation. Il n’y a pas de frontière entre le normal et le pathologique. Nous pouvons tous, à un moment de notre vie, être concernés par un trouble psychique. Le handicap invisible est actuellement la première cause de handicap dans le monde selon l’OMS avec 300 millions de personnes qui souffrent de dépression. Ce ne sont pas des maladies incurables mais pourquoi ne pas tenter de les prévenir en instaurant un travail sur nos émotions comme dans ces classes danoises de mindfulness? Ou en s’inspirant de la Suisse qui implémente des programmes de détection des troubles du comportement alimentaire afin de repérer les enfants en difficulté pour les diriger vers des psychologues.
Au Royaume-Uni, des campagnes publicitaires envahissent régulièrement les transports en commun pour parler ouvertement de Santé mentale: "Soyez bienveillants, chacun son rythme", "Tous les handicaps ne sont pas visibles", "C’est okay de ne pas aller bien". Les ministres et personnalités s’expriment publiquement sur leurs difficultés psychiques à l’image d’Alison McGovern ou de Megan Markle. Tout comme aux États-Unis ou la Santé Mentale n’est absolument pas tabou dans la pop culture. Cette déstigmatisation des troubles psychiques permet aux jeunes d’accepter leur humanité en suivant l’exemple des personnes qu’ils admirent, la réussite n’étant alors pas antinomique de faillibilité.
Enfin, au Canada, la prise en charge des troubles psychiques est holistique, ouverte autant à la e-santé (comme dans le cas des troubles des conduites alimentaires) qu’aux thérapies par l’art, le théâtre, la danse, le chant… La théorie et la culture médicales françaises sont très riches mais c’est personnellement en me reconnectant à mon corps et non en restant coincée dans ma tête que j’ai pu guérir! Je pense que nous avons beaucoup à apprendre des méthodes anglo-saxonnes.
Copyright : GABRIEL BOUYS / AFP
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