Mais, cette défiance envers la politique, voire son rejet, résulte sans doute d’une cause plus profonde liée à une sorte de fatigue démocratique. Dans l’enquête Louis-Harris nous avons été frappés de constater que seuls 51 % des jeunes manifestent un fort attachement à l’idée d’un gouvernement démocratique, 20 points de moins que les baby-boomers. Une partie de cette génération considère peut-être que choisir ses représentants lors d’élections libres ne constitue plus quelque chose de tellement important, ni même de fondamental. Et il est vrai que la démocratie représentative est de plus en plus contestée. La légitimité conférée par le vote pour mener une politique durant le mandat pour lequel on a été élu, cette légitimité s’est affaiblie. Une partie des jeunes semble peut-être blasée à l’égard de la démocratie. Ont-ils bien conscience que la démocratie c’est aussi la préservation des libertés civiques, la liberté d’opinion, la liberté de la presse, la liberté de se déplacer sans contraintes ? Contester la légitimité du vote ou y rester indifférent n’est pas sans danger pour la préservation de ces libertés fondamentales qui constituent le socle de la démocratie. D’ailleurs, dans notre enquête, 26 % des jeunes, donc plus d’un jeune sur quatre, surtout dans les zones rurales, habitant dans des petites villes, disposant d’un niveau d’instruction assez bas et issus de familles à faible capital culturel, étaient des désengagés, indifférents à la politique comme à toutes les questions de société.
Il reste que cette attitude des jeunes doit interpeller les responsables politiques afin qu’ils trouvent au plus vite les moyens et les solutions pour faire en sorte que la jeunesse française s’intéresse de nouveau à la politique, vote et prenne des responsabilités. On peut penser que ce rapport distant et même critique envers la politique résulte d’un effet d’âge. Il serait inquiétant que cela devienne un effet de génération.
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