Par le candidat |
– |
Par l’Institut Montaigne |
3,9 Md€ par an à horizon 2022 6,8 Md€ par an à horizon 2025 |
Répartition du coût |
|
Coût supporté par l’État |
100% |
La proposition vise à porter l’effort de défense de la France à 2 % du PIB, pensions comprises. En cela, le candidat reprend à son compte les recommandations de l’Otan tendant à ce que l’effort de défense de chacun de ses États membres ne soit pas inférieur à 2 % du PIB. Cet objectif a été rappelé lors du sommet de l’Otan de Newport en septembre 2014 et lors de celui de Varsovie en juillet 2016. Parmi les membres de l’Otan, seuls les États-Unis, la Grèce, le Royaume-Uni, l’Estonie et la Pologne respectent cet objectif.
Cet objectif est également présent dans la loi de programmation militaire (LPM) révisée (loi n° 2013-1168 du 18 décembre 2013 relative à la programmation militaire pour les années 2014 à 2019 et portant diverses dispositions concernant la défense et la sécurité nationale) dont l’article 6 précise qu’il faut “tendre vers l’objectif d’un budget de la Défense représentant 2 % du produit intérieur brut”.
Cependant, l’effort de défense hors pensions programmé par la LPM 2014-2019 révisée est loin d’atteindre l’objectif de 2 % du PIB :
2013 |
2014 |
2015 |
2016 |
2017 |
2018 |
2019 |
|
Dépenses de défense en Md€ courants (hors pensions) |
31,38 |
31,38 |
31,38 |
31,98 |
32,26 |
32,77 |
34,02 |
Part du PIB (hors pensions) |
1,48 % |
1,46 % |
1,44 % |
1,43 % |
1,40 % |
1,38 % |
1,38 % |
Dépenses de défense en Md€ courants (pensions comprises) |
39,39 |
39,27 |
39,17 |
39,73 |
40,32 |
40,83 |
42,08 |
Part du PIB (pensions comprises) |
1,86 % |
1,83 % |
1,79 % |
1,77 % |
1,75 % |
1,72 % |
1,71 % |
Source : ministère de la Défense et Rapport de l’Assemblée nationale sur le projet de loi actualisant la programmation militaire pour les années 2015 à 2019, mai 2015.
Hors pensions, l’effort de défense se situe à environ 1,41 % en moyenne sur la période de la LPM. En incluant les pensions, cet effort atteint 1,78 % du PIB.
L’écart à la cible de 2 % a été rappelé par le chef d’état-major des armées dans un article aux Échos en décembre 2016 : “Désormais, pour les armées, cet effort doit se traduire par une hausse progressive du budget de la défense pour rejoindre la cible de 2 % du PIB, avant la fin du prochain quinquennat. Cet effort, qui correspond, d’ailleurs, à un engagement international de la France et de ses partenaires de l’Otan ne pourra être ni allégé ni reporté, en dépit de la complexité de l’équation budgétaire étatique prévisionnelle. Il vise l’atteinte de trois objectifs qui tous concourent à la robustesse et à l’efficacité de nos armées. Premier objectif : récupérer des capacités auxquelles il avait fallu renoncer temporairement, pour des raisons budgétaires […]. Deuxième objectif : aligner les contrats opérationnels sur la réalité des capacités que nous engageons en opération […]. Troisième objectif : assurer l’indispensable crédibilité de la dissuasion nucléaire par le renouvellement de ses deux composantes, océanique et aérienne”.
Pour évaluer le coût de l’atteinte de l’objectif de 2 % du PIB, il est retenu les hypothèses suivantes :
pour le scénario tendanciel, les hypothèses de la LPM 2014-2019 sont retenues pour les années 2017, 2018 et 2019. Au-delà, une stabilisation de l’effort de défense hors pensions à 1,41% du PIB est retenue ;
les hypothèses de croissance du PIB en volume jusqu’en 2022 sont celles présentées par le candidat[1]; il en est de même pour les déflateurs de PIB permettant de calculer la croissance du PIB en valeur ;
pour les années 2023 à 2025 ; il est retenu une stabilité des hypothèses de croissance du PIB en volume et de déflateur par rapport à 2022 ;
le calcul est réalisé en Euros courants ;
le calcul du surcoût est réalisé par différence entre l’effort tendanciel de défense et le rattrapage de l’effort pour atteindre 2 % du PIB en 2025, soit après le terme de la mandature.
Le candidat a précisé que l’effort porterait sur les dépenses avec pensions. L’hypothèse hors pension n’est donc pas retenue pour ce chiffrage.
[1] Les hypothèses du candidat sont les suivantes :
2017 |
2018 |
2019 |
2020 |
2021 |
2022 |
|
PIB volume |
1,30 % |
1,50 % |
1,60 % |
1,70 % |
1,80 % |
1,80 % |
déflateur |
0,90 % |
1,40 % |
1,60 % |
1,70 % |
1,80 % |
1,80 % |
PIB valeur |
2,20 % |
2,90 % |
3,20 % |
3,40 % |
3,60 % |
3,60 % |
La progression de l’effort de défense serait lissée, selon la proposition, sur la période 2017-2025.
2017 |
2018 |
2019 |
2020 |
2021 |
2022 |
2023 |
2024 |
2025 |
|
Dépenses tendancielles (en Md€ courants) |
40,32 |
40,83 |
42,08 |
43,84 |
45,42 |
47,06 |
48,75 |
50,50 |
52,32 |
Effort de défense tendanciel (en % du PIB en valeur) |
1,79 % |
1,76 % |
1,76 % |
1,77 % |
1,77 % |
1,77 % |
1,77 % |
1,77 % |
1,77 % |
Dépenses de rattrapage (en Md€ courants) |
40,32 |
42,00 |
44,00 |
46,00 |
48,00 |
51,00 |
53,50 |
56,00 |
59,12 |
Effort de défense avec objectif 2% (en % du PIB en valeur) |
1,79 % |
1,81 % |
1,84 % |
1,86 % |
1,87 % |
1,92 % |
1,94 % |
1,96 % |
2,00 % |
Effort supplémentaire annuel |
0,00 |
1,17 |
1,92 |
2,16 |
2,58 |
3,94 |
4,75 |
5,5 |
6,8 |
Effort supplémentaire cumulé (en Md€ courants) |
0,00 |
1,17 |
3,09 |
5,25 |
7,83 |
11,77 |
16,52 |
22,02 |
28,82 |
L’atteinte de l’objectif d’effort de défense y compris pensions représentant 2 % du PIB en 2025 impose de majorer de l’ordre de 2 Md€ par an les dépenses de défense hors pensions à partir de 2018, pour parvenir à une majoration de l’ordre de 7 Md€ des dépenses de défense en 2025 par rapport au scénario tendanciel.
Le chiffrage étant réalisé sur la base des hypothèses de croissance du PIB en valeur présentées par le candidat, l’estimation du surcoût budgétaire est dépendante de :
la réalité de la croissance du PIB en volume ;
la réalité de l’inflation, qui joue sur le calcul du déflateur de PIB.
L’effort de défense est passé sous le seuil de 2 % à la fin des années 1990.
La réduction de l’effort de défense sous le seuil de 2% est généralement présentée comme problématique :
limitation des capacités d’intervention, alors que le nombre de théâtre d’opérations progresse ;
sous-équipement, sur-utilisation et sous-disponibilité des équipements ;
renouvellement incertain des capacités opérationnelles, de projection comme de dissuasion (notamment les composantes nucléaires de la dissuasion).
La proposition est récurrente dans le débat public.
Parmi les membres de l’OTAN, seuls les États-Unis, la Grèce, le Royaume-Uni, l’Estonie et la Pologne respectent l’objectif d’effort de défense représentant 2% du PIB. À noter que, bien que n’atteignant pas le seuil de 2% de son PIB l’Allemagne s’est récemment engagée dans une politique de renforcement du budget de la défense.
Cette mesure devra passer par :
Le ministère de la Défense.
Les impacts macroéconomiques de cette mesure sont incertains. L’augmentation des dépenses de défense pourrait stimuler l’industrie et l’innovation.
A contrario, à politique budgétaire inchangée, le poids des dépenses publiques nouvelles à financer pèserait directement sur le déficit et la dette, et pourrait annuler le bénéfice macroéconomique.
Commentaire synthétique
Le candidat propose de porter l’effort de défense à 2 % du PIB à la fin de la prochaine loi de programmation militaire 2020-2025. C’est l’objectif fixé par l’Otan lors du sommet de Newport en septembre 2014. Il s’agit également d’un objectif à terme formulé par la loi de programmation militaire 2014-2019, même si la trajectoire budgétaire de cette loi est éloignée de l’objectif (1,4 % en moyenne hors pensions).
Parmi les membres de l’OTAN, seuls les États-Unis, la Grèce, le Royaume-Uni, l’Estonie et la Pologne respectent cet objectif.
Le surcoût annuel de cette mesure serait de l’ordre de 3,9 Md€, pensions comprises, par rapport à un scénario tendanciel consistant à maintenir l’effort de défense hors pension à 1,41% du PIB. L’atteinte de l’objectif en 2025 engendrerait un surcroît de dépenses annuelles de l’ordre de 7 Md€.