Par le candidat | Impact incertain (mais 24 Md€ par an au titre de l’individualisation) |
Par l’Institut Montaigne | Impact incertain (mais 19 Md€ par an) au titre de l’individualisation) |
Estimation haute | Impact incertain (mais 21 Md€ par an au titre de l’individualisation) |
Estimation médiane | Impact incertain (mais 19 Md€ par an au titre de l’individualisation) |
Estimation basse | Impact incertain (mais 19 Md€ par an au titre de l’individualisation) |
Répartition du coût | |
Coût supporté par l’État | 100 % |
Dans le système actuel, l’impôt sur le revenu fait intervenir un quotient conjugal : ainsi, pour les couples mariés ou pacsés, l’imposition est réalisée conjointement et non individuellement. Le mécanisme est le suivant :
les revenus des deux personnes du couple sont additionnés ;
le résultat obtenu est divisé en deux parts égales (application du quotient conjugal, chaque conjoint représentant une part fiscale entière) ;
le barème de l’impôt sur le revenu est ensuite appliqué à chacune de ces parts afin d’obtenir l’impôt total.
L’application de ce quotient conjugal a pour effet de modérer l’impôt des couples : selon les données fiscales du Gouvernement, 60 % des couples mariés ou pacsés paient ainsi moins d’impôts que s’ils étaient imposés séparément, 21 % des couples gagneraient à être imposés séparément (du fait l’existence de dispositifs spécifiques comme la prime d’activité) et 19 % ne verraient pas le montant de leur impôt modifié en cas d’imposition individuelle. Par ailleurs, à salaire total égal au sein d’un couple, le gain obtenu grâce à ce dispositif par rapport à une imposition individuelle est d’autant plus important que les inégalités de salaire sont grandes entre les deux membres du couple, du fait du caractère progressif de l’impôt sur le revenu.
À titre d’exemple schématique, si on considère un impôt sur le revenu avec un barème simple (taux de 10 % entre 0 et 5 000€ de revenus ; taux de 20 % entre 5 000 et 10 000€ de revenus) et un revenu total du couple de 10 000€ :
pour un couple A dans lequel les deux conjoints gagneraient exactement la même somme (5 000€), l’impôt conjugalisé et l’impôt individualisé seraient du même montant : 1 000€ ;
pour un couple B dans lequel le premier conjoint gagnerait 8 000€ et le deuxième conjoint 2 000€, l’impôt conjugalisé serait toujours de 1 000€ tandis que l’impôt individuel serait de 1 100€ pour le premier conjoint et 200€ pour le deuxième conjoint, soit 1 300€ au total.
Pour un couple C dans lequel le premier conjoint gagnerait 10 000€ et le deuxième conjoint 0€, l’impôt conjugalisé serait toujours de 1 000€ tandis que l’impôt individuel serait de 1 500€ pour le premier conjoint et 0€ pour le deuxième conjoint, soit 1 500€ au total.
Cette modalité de calcul est ainsi particulièrement favorable aux couples dans lesquels seule une personne travaille (couples “monoactifs”). Elle contribuerait ainsi à maintenir les femmes en dehors de l’activité professionnelle ; même si la France présente un taux d’emploi des femmes supérieur à la moyenne européenne, avec 66,2% en 2014 contre 63,5% en moyenne dans l’Union européenne.
L’impôt sur le revenu fait également intervenir un quotient familial fonctionnant sur le même principe que le quotient conjugal : chaque enfant représente ainsi 0,5 part fiscale (1 part à partir du troisième enfant). Le revenu total du ménage est divisé par le nombre total de parts avant l’application du barème. L’impôt obtenu est ensuite multiplié par le nombre de parts. Ce mécanisme se traduit par un amoindrissement de l’impôt pour les couples avec enfants, du fait de la progressivité de l’impôt sur le revenu (IR). Cet amoindrissement de l’IR représente un coût pour les finances publiques estimé à 12,1 Md€ pour l’impôt sur les revenus de l’année 2014. L’actualisation de ce coût pour les revenus à partir de 2017 s’établit à environ 13 Md€ par an. Une hypothèse haute consiste à supprimer également toutes les niches fiscales afférentes au quotient familial, soit 2,3 Md€ supplémentaires (et 11,5 Md€ sur le quinquennat).
Autre imposition portant sur le revenu, la CSG a, elle, un fonctionnement très différent de l’impôt sur le revenu. Il s’agit en effet d’un impôt d’ores et déjà individualisé, ne prenant donc pas en compte les charges familiales. Les modalités d’assiette et de recouvrement sont plus proches de celles des cotisations sociales, retenues à la source. La redistribution horizontale selon les charges familiales opérée par l’imposition sur les revenus est donc essentiellement le fait de l’IR.
La réforme proposée par Benoît Hamon consiste à mettre fin au quotient conjugal afin d’individualiser l’imposition des revenus, c’est-à-dire imposer séparément les revenus des personnes mariées ou pacsées. Dans la mesure où le quotient conjugal permet, dans la plupart des cas, de réduire l’impôt payé par les couples mariés ou pacsés, sa suppression aboutirait à un rendement supérieur de l’impôt sur le revenu. Un rapport d’information de la délégation du droit des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes de 2014 chiffrait le gain attendu d’un passage à un impôt individualisé à 5 Md€ par an, soit 25 Md€ sur la durée du quinquennat. L’actualisation de ce chiffre donnerait un gain d’environ 6 Md€ par an sur le prochain quinquennat. La réforme proposée par Benoît Hamon consisterait vraisemblablement à supprimer également le quotient familial, pour un gain pour les finances publiques de 13 Md€ par an. Le candidat n’a pas précisé s’il souhaitait supprimer le quotient familial à ce stade. Au total, le gain serait de 19 Md€ par an. Ces recettes seraient perçues par l’État qui perçoit intégralement le rendement de l’impôt sur le revenu.
Benoît Hamon a indiqué que cette mesure permettrait un “gain immédiat de l’ordre de 24 milliards d’euros“. L’ordre de grandeur semble ainsi un peu élevé par rapport au chiffrage réalisé ici. Dans son programme, cette mesure serait l’une des sources de financement de la mise en place d’un revenu universel dont le coût total est estimé à 300 Md€ par an par le candidat. Des modalités de financement complémentaires sont envisagées par Benoît Hamon (fusion du revenu universel avec les aides au logement, les prestations familiales ou les minimas sociaux, suppression de niches fiscales, nouvelles formes d’imposition sur le patrimoine).
L’impact de l’individualisation de l’impôt sur le revenu sur le taux d’emploi ou d’emploi des femmes est cependant plus incertain. Selon le rapport parlementaire précité, cette réforme pourrait inciter 80 000 femmes à rejoindre le marché du travail.
Par ailleurs, des incertitudes juridiques existent s’agissant de la possibilité de passer à un système d’imposition des revenus intégralement individualisé. En effet, comme le note le Conseil des prélèvements obligatoires dans son rapport de 2015 sur l’imposition des revenus, l’article 13 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, qui rend nécessaire la prise en compte des capacités contributives dans le système fiscal, et l’interprétation qui en est faite par le Conseil constitutionnel, pourraient s’opposer à la suppression de tout mécanisme de prise en compte des charges familiales. Ainsi, le passage à une individualisation intégrale pourrait se heurter, en France, à une censure du Conseil constitutionnel.
L’élargissement de l’assiette de l’IR par le rapprochement de celle de la CSG consisterait à supprimer toutes les différences d’assiette existant entre les deux prélèvements. Ces difficultés d’assiettes sont de trois ordres :
1/ l’IR est un impôt pesant simultanément sur l’ensemble des revenus (salariaux, du capital, …) tandis que la CSG porte sur des revenus catégoriels (revenus d’activité, revenus de remplacement, revenus du capital, revenus des jeux) frappés indépendamment les uns des autres.
2/ L’assiette de la CSG est sensiblement plus large que celle de l’impôt sur le revenu : au total, en 2013, l’assiette de l’IR représentait ainsi 939 Md€, contre 1 249 Md€ pour la CSG. Cet écart est dû à plusieurs différences, notamment le fait que l’assiette de la CSG intègre des revenus non imposés à l’IR (épargne salariale, certaines indemnités de rupture de contrat de travail, indemnités journalières de longue maladie et d’accident du travail, etc.) et le fait que les salaires sont imposés à l’IR nets de cotisations et frais professionnels, alors qu’ils sont imposés bruts de cotisations et avec une déduction forfaitaire de 1,75 % au titre des frais professionnels à la CSG.
3/ Les modalités de rapprochement entre des niches fiscales “mitant” l’IR et des niches sociales grevant les recettes de CSG correspondent à l’un des principaux enjeux. Dans ce cadre, deux options subsistent concernant les niches fiscales et sociales, et Benoît Hamon ne précise pas ce qu’il compte faire de celles-ci :
soit une grande partie des niches fiscales sont cumulées. Les niches fiscales de l’IR représenteraient, en 2017, de l’ordre 32,5 Md€ et celles-ci pourraient être étendues à la CSG. De la même manière, les niches sociales, grevant la CSG et représentant pour les seules exemptions d’assiettes 50,5 Md€ d’exemption de base (soit une perte de recettes de 8,7 Md€ conjointement pour la CSG, la CRDS et les contributions au fonds solidarité), pourraient être étendues à l’IR. De telles extensions occasionneraient des coûts très significatifs pour les administrations publiques. Ces coûts ne peuvent être évalués simplement ;
réciproquement, le rapprochement des assiettes pourrait conduire à supprimer ces nombreuses niches fiscales qui grèvent le rendement de l’IR.
Un statu quo par rapport à la situation actuelle (c’est-à-dire avec des niches “fiscales” grevant une partie seulement du nouvel impôt et simultanément des niches “sociales” grevant une autre partie du nouvel impôt) serait difficilement compatible avec l’exigence constitutionnelle de lisibilité et d’intelligibilité de la loi.
Enfin, la difficulté à supprimer le nombre de niches fiscales a été illustrée récemment par la difficulté des Gouvernements successifs à endiguer le montant et le nombre des niches fiscales et sociales. Par exemple, les conclusions de la revue de dépenses de 2015 sur les dispositifs sectoriels d’exonération de cotisations sociales (représentant 15 Md€ de coût annuel pour les finances publiques) n’ont conduit le Gouvernement qu’à proposer la diminution de 0,1 Md€ de niches sociales. Il en a été de même pour tous les Gouvernements successifs depuis au moins 20 ans.
Ces trois difficultés conduiraient mécaniquement à des transferts de charges importants entre les contribuables. En dépit du caractère surmontable de ces difficultés, il faudrait vraisemblablement que ces transferts de charges soient mis en place progressivement dans le temps afin de ne pas créer un choc macroéconomique trop important. Par ailleurs, de nombreux prélèvements proches dans leurs conceptions de la CSG, comme la CRDS, pourrait également être regroupés au sein de ce nouvel impôt.
La critique du caractère peu progressif, voire “régressif” de l’imposition des ménages est courante. En particulier, les travaux de Piketty, Landais et Saez ont mis en avant le fait que le système fiscal était peu progressif jusqu’au niveau des classes moyennes puis régressif au sein des 5 % les plus riches (le taux d’imposition des plus riches étant de 49 %, contre seulement 14 % pour les 5 000 personnes les plus aisées). Il apparaît cependant que ce défaut de progressivité du système fiscal global n’est que marginalement lié à l’impôt sur le revenu mais davantage à d’autres facteurs (plafonnement des cotisations retraite et chômage et le fait que les cotisations sociales ne s’appliquent pas aux revenus du capital qui constituent une part importante des hauts revenus).
Le caractère progressif de l’impôt sur le revenu est cependant amoindri par l’existence de niches fiscales. À titre d’exemple, le calcul de l’impôt sur le revenu met en place une déductibilité partielle de la CSG et de la CRDS (sur les 8 points de CSG et CRDS appliqués sur les revenus d’activité, 5 sont déductibles de l’assiette de l’IR). Cette réduction de l’assiette est d’autant plus importante que le revenu concerné est élevé, et nuit donc à la progressivité de l’impôt sur le revenu.
Le rapprochement de l’assiette de l’IR de celle de la CSG proposé par Benoît Hamon et analysé plus haut contribuerait ainsi au renforcement de la progressivité de l’IR, car il se traduirait vraisemblablement par une suppression des niches fiscales. Benoît Hamon indique, par ailleurs, qu’il souhaite renforcer la progressivité de l’IR en augmentant le nombre de tranches. L’impôt sur le revenu comporte actuellement 5 tranches (la dernière tranche étant fixée à 45%).
La conjugaison d’une assiette élargie et d’un nombre de tranches plus important assurant plus de progressivité se traduirait par un rendement plus important de l’IR. Il est cependant impossible de déterminer précisément quel sera le rendement de ce nouvel impôt sur le revenu dans la mesure où le barème retenu n’a pas été indiqué par Benoît Hamon.
La proposition de Benoît Hamon relative à l’individualisation est précise et bien documentée par différents rapports. Elle ne présente donc pas de difficultés particulières.
Le reste de la proposition, relative à l’élargissement de l’assiette de l’IR et au renforcement de la progressivité, est cependant imprécise et ne peut pas être chiffrée en l’état.
Individualisation de l’IR
Depuis sa création en 1914, l’impôt sur le revenu relève en France d’une logique d’imposition par foyer, et non par individu. Le mécanisme tel qu’il existe actuellement (quotient conjugal et quotient familial) date de la réforme de l’impôt sur le revenu intervenue en 1946, dans un objectif d’incitation à la natalité. L’IR n’a ainsi jamais été mis en place selon une logique individuelle.
Élargissement de l’assiette par le rapprochement avec la CSG
Cette proposition n’a jamais été mise en œuvre en France. L’assiette de l’IR a, au contraire, eu plutôt tendance à s’amoindrir avec la multiplication des niches fiscales.
Mise en place de nouvelles tranches dans le barème
Le barème de l’impôt sur le revenu a connu des évolutions nombreuses depuis la création de cet impôt. Par le passé, le nombre de tranches ainsi que les taux d’imposition applicables étaient plus élevés. À titre d’exemple, en 1998, l’IR était constitué de 7 tranches (contre 5 aujourd’hui) et la dernière tranche avait un taux d’imposition de 54 %. Le nombre de tranches a ensuite diminué et les taux ont été abaissés – le taux applicable à la dernière tranche était ainsi de 40 % en 2010 et 41 % en 2011 et 2012.
Au début du quinquennat de François Hollande, une nouvelle tranche à 45 % a été créée, puis le barème de l’IR a été de nouveau revu pour n’intégrer que 5 tranches avec une dernière tranche à 45 %.
Individualisation de l’IR
La proposition de l’individualisation de l’impôt sur le revenu est récurrente en France. Dans la période récente, outre le rapport parlementaire précité, l’individualisation a été notamment proposée par l’économiste Thomas Piketty dans le cadre d’une réforme fiscale de grande ampleur.
Élargissement de l’assiette par le rapprochement avec la CSG
Cet élargissement de l’assiette a également été proposé par Piketty, Landais et Saez dans le cadre de la révolution fiscale qu’ils prônaient.
Mise en place de nouvelles tranches dans le barème
La création de nouvelles tranches dans le barème de l’impôt sur le revenu est régulièrement proposée. Dans le cadre de l’élection présidentielle de 2012, le candidat François Hollande proposait en particulier de mettre en place une imposition à 75% sur les revenus dépassant 1 million d’euros. Cette taxe a finalement été transformée en taxe sur les entreprises avant d’être supprimée en 2015.
Différents modèles d’imposition sur le revenu sont retenus en Europe, ainsi :
de très nombreux pays proposent un système d’imposition individuelle intégral : Danemark, Finlande, Royaume-Uni, Autriche, Grèce, Hongrie, Italie, Suède, etc. Des abattements sont parfois prévus afin de prendre en compte la situation de couple (en Belgique en particulier). Dans ces pays, l’imposition individuelle a souvent simplifié la mise en place du prélèvement à la source ;
dans plusieurs pays, le choix est offert aux époux d’une imposition conjointe ou individuelle de leurs revenus : Allemagne, Espagne ou Pologne notamment ;
au final, peu de pays ont mis en place un système d’imposition conjugal généralisé, semblable à ce qui existe en France : seuls le Luxembourg, le Portugal et la Suisse présentent un système similaire.
Dans la période récente, on observe une tendance à l’individualisation de l’impôt sur le revenu, plusieurs pays ayant abandonné le système de conjugalisation au profit d’une individualisation (Suède en 1971, Royaume-Uni en 1990).
Ainsi que l’indiquent les chiffres de l’OCDE pour 2014, la France présente un taux marginal d’imposition des revenus relativement élevés par rapport aux autres pays développés : l’ajout du taux marginal de l’IR (45 %), de la CSG et de la CRDS donne en effet un taux marginal d’imposition de 54,5 % en France.
Parmi les pays développés, seule la Suède présente un taux d’imposition marginal plus élevé, avec 56,9 %, l’Espagne (52 %), l’Italie (49,5 %), l’Allemagne (47,5 %) ou le Royaume-Uni (45 %) présentant des taux d’imposition marginaux moins élevés.
Cependant, par rapport à ses voisins européens, la France présente un plus grand nombre de niches fiscales, ce qui nuit à la progressivité et au rendement de l’IR. Ainsi, la France présente au total une part de l’imposition des revenus dans le PIB légèrement inférieure à la moyenne de la zone euro : 9 %, contre près de 10 % en zone euro.
Individualisation de l’IR
La situation des femmes dans les pays ayant mis en place une imposition individuelle est très variable. Ainsi, certains pays présentent un taux d’emploi des femmes très supérieur à la moyenne européenne (Finlande, Suède, Danemark, Allemagne) quand d’autres pays, où l’impôt est individuel, le taux d’emploi des femmes est très inférieur (Italie et Hongrie notamment).
De toute évidence, le système d’imposition ne constitue pas la seule incitation, ni même l’incitation principale à la participation des femmes au marché du travail.
La réforme de l’IR proposée pourrait être mise en œuvre par le biais d’une loi de finances.
L’ensemble des contribuables assujettis à l’impôt sur le revenu sont concernés par une telle mesure. Tous les ménages ne s’acquittent cependant pas de l’IR : seuls 46 % des 37,4 millions de ménages payent l’IR en France.
à court terme |
à long terme |
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Effets positifs de la mesure |
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Concernant l’individualisation de l’IR : plus grande participation probable des femmes au marché du travail ; Éventuelle simplification du droit des impôts |
Effets négatifs de la mesure |
Incertitudes créées par le changement de régime ; Éventuels impacts (+/-) sur le pouvoir d’achat des ménages atténué par la hausse de la fiscalité |
Commentaire synthétique
La proposition de Benoît Hamon concernant l’impôt sur le revenu est triple. Elle consiste en :
l’individualisation de l’impôt sur le revenu : aujourd’hui basé sur le foyer, Benoît Hamon propose qu’il soit basé sur l’individu ;
l’élargissement de la somme retenue pour déterminer le calcul de l’impôt, “l’assiette”, par son rapprochement avec un autre impôt, la CSG ;
le renforcement du caractère progressif de l’impôt sur le revenu par l’augmentation du nombre de tranches.
Benoît Hamon propose de passer d’un impôt sur le revenu (IR) calculé au niveau des ménages à un impôt individuel. Alors que la “conjugalisation” permet de réduire l’imposition des couples mariés ou pacsés, d’autant plus que les inégalités de revenu sont importantes au sein du couple, et inciterait ainsi à l’inactivité des femmes, sa suppression représenterait un gain pour les finances publiques d’environ 6 Md€ par an. Au-delà du quotient conjugal, la suppression du quotient familial, que le candidat n’a pas confirmé à ce stade, représenterait un gain pour les finances publiques d’environ 13 Md€ par an. Ces recettes supplémentaires seraient perçues par l’État. Elles viendraient alimenter la mise en place d’un revenu universel dont le coût est estimé à 300 Md€ par an par Benoît Hamon.
Benoît Hamon propose également de fusionner l’IR avec la CSG : ceci correspondrait notamment à un élargissement de l’assiette de l’impôt sur le revenu pour la rapprocher de celle de la CSG. Par ailleurs, Benoît Hamon propose de renforcer la progressivité du nouvel impôt en augmentant le nombre de tranches. Si cette réforme se traduirait par une hausse du rendement de l’IR, le manque de précision de la proposition ne permet pas de chiffrer précisément cette mesure.
Les pistes d’une telle réforme ont déjà été explorées. Le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO) et des études universitaires en ont analysé les principaux enjeux. Cette réforme aurait pour effet de consolider les deux principaux impôts pesant sur le revenu des ménages, qui ont pourtant des modalités de calcul différentes. Une telle réforme ne va cependant pas sans difficulté : en particulier, l’IR est aujourd’hui “mité” par de nombreuses niches fiscales qui sont de surcroît distinctes des exemptions de CSG. La fusion de ces deux impôts devrait conduire à rationaliser ou à cumuler les assiettes et les niches fiscales et sociales, sans que le candidat ne donne d’orientation à ce titre. Ceci constitue la principale source d’incertitude de ce chiffrage.