Lors de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron s’est positionné comme candidat du multilatéralisme et du libre-échange, en opposition directe avec le président Donald Trump, jusqu’à obtenir le soutien de Barack Obama.
Devenu président, Emmanuel Macron a néanmoins tissé avec son homologue américain une relation particulière qui se caractérise, en dépit des désaccords que les deux hommes ne dissimulent pas, par des invitations solennelles et des échanges francs.
Face à un partisan du protectionnisme économique et de l’isolationnisme américain, le président français s’engage dans un renforcement de l’Union européenne qui, face à l’instable allié américain, doit davantage parler d’une seule voix.
La politique qu’entend mener la France vis-à-vis du Canada s’inscrit dans la continuité historique des prédécesseurs d’Emmanuel Macron, la proximité générationnelle et idéologique des deux chefs d’État n’ayant pas débouché sur un quelconque tournant et une coopération plus étroite.
14 juillet 2017
Défilé militaire à l’occasion de la fête nationale française en présence du président des États-Unis
juillet 201716 avril 2018 - 17 avril 2018
Visite officielle de Justin Trudeau en France
avril 201823 avril 2018 - 25 avril 2018
Visite d’État d’Emmanuel Macron à Washington et discours face au Congrès américain
Durant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron a cherché à incarner la position d’un “Obama français”, jusqu’à obtenir son soutien public durant l’entre-deux tours. Par conséquent, le candidat était donc identifié comme un “anti Trump”. Quand l’actuel président des États-Unis incarnait le candidat de la peur, Emmanuel Macron se posait en candidat de l’espoir, cherchant à démontrer qu’une élection pouvait se gagner avec une vision optimiste et un discours modéré.
Le candidat Macron, par sa défense du multilatéralisme et du libre-échange, se positionne également par rapport aux autres candidats. Pour lui, il ne s’agissait ni d’aller contre la mondialisation (ce que prônaient Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon) ni de s’enfermer dans un libéralisme décomplexé (incarné par François Fillon), ni même d’être tenté par une dérive iréniste (Benoît Hamon), mais bien de s’intégrer dans une mondialisation humanisée. Son rapport, vis-à-vis des États-Unis comme du Canada, s’intégrait également dans cette optique de libre-échange, via notamment un soutien aux traités de libre-échange transatlantiques.
Dans un premier temps, le candidat Macron se définissait dans l’opposition au président Trump. Dans un second temps, le président Macron va effectuer un tournant traduisant à la fois la vision stratégique du chef d’Etat et peut-être, dans une certaine mesure, l’affect de l’homme. Emmanuel Macron et Donald Trump ne pourraient être plus différents l’un de l’autre, cependant dans cette rencontre entre deux narcisses, une véritable fascination mutuelle se développe, chacun ayant le sentiment de pouvoir charmer l’autre. Cette relation particulière s’est notamment observée au cours de la la poignée de main de Bruxelles, la visite de Donald Trump en France le 14 juillet 2017 ou encore lorsque le président de la République est invité par Donald Trump pour la première visite d’Etat sous sa présidence à la fin de ce mois d’avril.
La relation d’Emmanuel Macron vis-à-vis de son homologue américain est assez similaire à celle entretenue à l’égard de Vladimir Poutine, les invitations se font en grande pompe mais les propos n’en restent pas moins francs et sans fausse pudeur. D’un côté, cette relation correspond à celle que les fonctions imposent (la venue du président américain à l’été 2017 pour rendre hommage au centenaire de l’entrée en guerre des Etats-Unis au côté de la France). De l’autre, en se posant en représentant du multilatéralisme ou de la démocratie libérale, Emmanuel Macron reprend des valeurs historiquement associées aux États-Unis. On peut presque y voir un passage de relai entre les deux démocraties.
Sur l’accord de Paris, Emmanuel Macron n’abandonne pas l’idée que Donald Trump puisse y revenir ; les actions de ce dernier n’étant guidées par aucune idéologie, il pourrait potentiellement y revenir si c’est dans son intérêt.
Au Moyen-Orient, et alors que les États-Unis ont embrassé la cause saoudienne contre l’Iran, le président français a décidé de ne pas prendre partie, conservant ainsi une certaine marge de manœuvre sur Téhéran. Pourtant, la visite de Jean-Yves Le Drian a révélé que la diplomatie française ne parvenait toutefois pas à utiliser l’Iran pour contraindre Bachar al-Assad.
Emmanuel Macron n’a pas hésité à prendre position contre les décisions de Donald Trump dans la région, que ce soit sur le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem qualifié d’ “erreur”, ou l’abandon des négociations avec les Palestiniens (une “faute politique “ selon lui.)
Parce que l’Amérique sous Donald Trump ne représente plus l’assurance du monde occidental qu’elle se voulait, l’Europe se retrouve face à un impératif, celui de développer pour elle-même une Europe de la défense, pourtant critiquée en retour par les Etats-Unis, craignant qu’elle représente un obstacle à un OTAN plus fort.
Pour parler de façon plus équilibrée à Donald Trump, il serait opportun d’avoir un homme fort à la tête de la Commission européenne. Mais comment une Europe faible et divisée pourrait-elle s’entendre sur une telle figure ?
Lors de sa visite à Washington, Emmanuel Macron a notamment évoqué face à Donald Trump :
Force est toutefois de constater que sur ces deux thématiques, si l’Union européenne parle d’une seule voix, les issues restent incertaines et instables.
En ce qui concerne la relation franco-canadienne, il convient de bâtir avec ce pays une relation de confiance entre deux hommes d’une même génération, à l’approche du monde similaire et qui maintiennent de bonnes relations. Les fondamentaux dans les positions françaises et canadiennes sont les mêmes. Du fait des dernières élections américaines, le Canada est devenu la face “humaine” de l’Amérique du Nord, celle avec laquelle le dialogue est facilité. Cependant, ce pays reste irrésistiblement attiré par sa côte Pacifique et son positionnement est davantage orienté vers l’Asie que la France malgré la visite de Justin Trudeau en France au mois d’avril.
Malgré des intérêts stratégiques parfois contradictoires, la France et le Canada défendent l’accord de Paris, le principe des traités de libre-échange et critiquent d’une même voix les dérives de Donald Trump.
On le voit avec l’Amérique du Nord, Emmanuel Macron a beau incarner une véritable rupture sur le plan domestique, il inscrit sa politique extérieure dans la continuité de celle de ses prédécesseurs. Sa seule véritable carte en politique étrangère : le modèle qu’il incarne et le rythme des réformes qu’il effectue en France.