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Rencontres
September 2017

Parcours professionnels ou parcours du combattant : comment concilier mobilité et sécurité ?

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Le 12 septembre, Muriel Pénicaud, Ministre du Travail, a ouvert la sixième édition des Entretiens de la Cohésion sociale, organisés en partenariat avec August Debouzy et Entreprise & Personnel, sur le thème “Parcours professionnels ou parcours du combattant : comment concilier mobilité et sécurité ?”. Jean Bassères, directeur général de Pôle Emploi, nous a livré sa vision de la sécurisation des parcours.

Sandra Enlart, directrice générale d’Entreprise & Personnel, Sandrino Graceffa, directeur général de SMart, Bertrand Martinot, économiste, et Thierry Pech, directeur général de Terra Nova, ont débattu sur le thème “Plus de mobilité, plus de sécurité ?”.

Emmanuelle Barbara, avocate spécialiste en droit du travail chez August Debouzy, Sabine Haman, directrice des ressources humaines de Safran Electronics, Franck Hertzberg, directeur des ressources humaines du Groupe Mgen Istya Harmonie, et Estelle Sauvat, directrice générale de Sodie, ont ensuite cherché à répondre à la question suivante : “construction des parcours professionnels : l’entreprise a-t-elle encore un rôle à jouer ?”

Les échanges étaient animés par Stéphane Béchaux, journaliste expert des questions liées au travail, à l’emploi et aux ressources humaines.

Retrouvez les cinq points à retenir de cette matinée : 

1. La flexibilité ne s’oppose pas à la sécurité.

Les mutations qui bouleversent le marché du travail conduisent à repenser la flexibilité et la sécurité à l'aune de la mobilité. Les besoins des entreprises évoluent très rapidement, notamment sous l’effet de la transition numérique. Dans ce contexte, ce sont les compétences acquises tout au long de la vie qui garantissent désormais la meilleure des sécurités. À l’heure où un actif sur deux connaît au moins une période de chômage au cours de sa carrière, il devient urgent d’équiper les individus pour s’adapter à ces bouleversements. 

2. La sécurisation des parcours ne doit plus être corrélée aux ruptures professionnelles. 

La sécurisation des parcours doit avant tout préparer les évolutions professionnelles et non simplement réparer les ruptures. Aussi est-il nécessaire de donner plus d’autonomie aux individus afin de les inciter à développer des compétences qui leur seront utiles dans leurs choix d’orientation future. Le recours à des formations ou à des prestations d’accompagnement en dehors des heures travaillées, doit être encouragé. Cela permettrait d'aligner les intérêts des salariés et ceux des employeurs. Ce changement de paradigme implique un changement culturel profond qui incite les actifs à construire eux-mêmes leur parcours professionnel.

3. L’évaluation et la certification contribuent à l’efficacité de la formation professionnelle.

Le système de formation professionnelle manque de lisibilité et les actifs n’ont pas de visibilité sur la qualité de l’offre à laquelle ils peuvent accéder. Une évaluation (sur des critères objectifs, comme le taux de retour à l’emploi) et une certification (par un organisme tiers) plus poussées de l’offre de formation contribueraient à élever la qualité des prestations dispensées. C’est dans cette logique que s’inscrit l’expérience développée par Pôle Emploi et la région Île-de-France qui vise à développer un “Trip Advisor” de la formation permettant aux utilisateurs de noter les prestations consommées. L’évaluation et la certification vont de paire avec l’ouverture du marché de la formation à des acteurs privés spécialisés dans l’accompagnement en évolution professionnelle.

4. Les droits à la formation gagneraient à être valorisés en euros plutôt qu’en heures.

Le compte personnel d’activité (CPA) est entré en vigueur au 1er janvier 2017. Il regroupe plusieurs comptes qui sont valorisés en heures et non en euros. Une valorisation monétaire de ces droits améliorerait ce dispositif à plusieurs titres :

  • elle renforcerait la transparence du système, notamment pour ce qui concerne le fléchage des moyens vers les publics les plus éloignés du marché du travail ;
  • elle inciterait les actifs à exiger des résultats correspondant à l’investissement réalisé ;
  • elle donnerait plus de visibilité sur le financement global du système.

5. Les dispositifs de sécurisation professionnelle doivent être rationalisés pour donner plus de visibilité aux individus. 

En 2016, seul 1 % des actifs a utilisé les droits comptabilisés dans leur compte personnel de formation. Et pour cause : la complexité du système contribue à la méconnaissance par les individus de leurs droits acquis. Aussi les dispositifs pourraient-ils être concentrés en un seul et même compte afin d’offrir plus de lisibilité aux individus. Une telle rationalisation des dispositifs devrait également contribuer à donner plus de choix dans l’offre de formation afin que les actifs gagnent en autonomie.

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