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30/03/2018

Priorité Prévention : 25 mesures pour agir

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Priorité Prévention : 25 mesures pour agir
 Angèle Malâtre-Lansac
Auteur
Ancienne directrice déléguée à la Santé

Le 26 mars, la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn et le Premier ministre Edouard Philippe ont réuni le Comité interministériel de la Santé. A cette occasion, 25 mesures de prévention, qui constituent le premier volet de la Stratégie nationale de santé, y ont été présentées.

La prévention : un enjeu fondamental pour notre système de santé

L’OMS distingue trois types de prévention : la prévention primaire qui vise à minimiser les risques d’apparition de la maladie, la prévention secondaire dont le but est de diminuer la prévalence d’une maladie dans la population et la prévention tertiaire qui agit une fois la maladie déclarée, sur les cas de récidive. 

Le constat est désormais connu : avec 2 % des dépenses de santé consacrées à la prévention, pour une moyenne OCDE de 3 %, la France est l’un des pays investissant le moins dans la prévention. Notre pays multiplie pourtant les facteurs de risque à même de favoriser l’apparition de pathologies graves ou de maladies chroniques avec 22 % de la population française âgée de plus de 15 ans qui fume quotidiennement (contre 12 % dans des pays comme l’Australie ou la Norvège) et une consommation moyenne de 11,9 litres d’alcool pur bu par habitant chaque année (pour une moyenne OCDE de 9 litres).

Conséquence première de ces faibles politiques de prévention : une espérance de vie en bonne santé à 65 ans qui est égale à 10,3 années (contre 16,3 années en Suède). En outre, nos politiques de prévention restent insuffisamment ciblées et contribuent à accentuer les inégalités sociales chez les hommes on compte ainsi 13 ans d'écart d'espérance de vie entre les 5 % les plus aisés et les 5 % les plus pauvres.

La prévention : une des priorités du candidat Macron

Le candidat Macron s’était engagé, durant la campagne présidentielle, à mettre en place une véritable "révolution de la prévention". Dès le début de son mandat, Agnès Buzyn a mené des actions fortes à l’image de l’extension de la couverture vaccinale obligatoire pour les jeunes enfants et de l’augmentation progressive du prix du tabac. La prévention est le premier des quatre axes de la Stratégie nationale de santé (SNDS) adoptée en décembre 2017.

Doté d’un budget de 400 millions d’euros sur 5 ans et composé de 25 mesures, le plan Priorité Prévention dévoilé par Edouard Philippe et Agnès Buzyn lors du Comité interministériel de la santé du 26 mars entend agir sur l’ensemble des âges de la vie (de la grossesse au bien-vieillir). Ces différentes mesures touchent des domaines tels que le tabac, l’alcool, la nutrition, le dépistage du cancer ou encore la vaccination. On peut notamment citer la prise en charge à 100 % du dépistage du cancer du col de l’utérus ou le remboursement par l’assurance-maladie des thérapies anti-tabac.

L’ensemble de ces mesures sera chapeauté par l’implémentation dès la rentrée 2018 d’un service sanitaire pour 48 000 étudiants médecins, sages-femmes et infirmiers. Ambassadeurs de ces mesures préventives, ces étudiants seront chargés de les porter au sein des écoles dans un premier temps puis  dans les Ehpad, les prisons, les entreprises et les structures médico-sociales. Reste à savoir quels seront les thèmes abordés par ces étudiants et surtout les indicateurs de réussite de ce nouveau service sanitaire.

Tour d’horizon sur la prévention : que font nos voisins ?

Les mesures présentées lors du Comité interministériel de la santé témoignent d’une réelle volonté du gouvernement de faire de la prévention la prochaine révolution du système de santé, généralement perçue comme un poste de coût plutôt qu’une économie de long terme.

Néanmoins, ces mesures relèvent de la prévention primaire et semblent encore bien faibles pour engendrer une révolution massive. Des exemples internationaux prouvent qu’il est possible de mener des campagnes de prévention efficaces, pour des résultats concrets.

  • L’Australie par exemple a développé de nombreuses initiatives innovantes à même d’agir sur la santé mentale chez les jeunes. Le programme headspace de la National Young Mental Health Foundation offre aux jeunes de 15 à 24 ans un accompagnement personnalisé par des centres d’accueil peu stigmatisants, des infographies en ligne, des interventions dans les écoles et le développement d’applications numériques. Au total, pour l’année 2016, un jeune australien sur 50 a fréquenté les Headspace Centers et l’eheadspace a été utilisé par 24 000 jeunes. 12 millions de Français sont en souffrance psychique et plus de la moitié des troubles apparaissent avant 25 ans, aussi il est urgent en France de mettre en place une politique de prévention efficace pour améliorer la santé mentale de la population.
     
  • La Norvège a, quant à elle, mené une politique efficace de lutte contre le tabagisme : restriction de sa commercialisation et de sa consommation dans les lieux publics, taxation importante du prix du paquet de cigarettes, campagnes massives de sensibilisation dans les écoles, etc. Cette campagne semble avoir porté ses fruits : alors qu’en 2000, le taux de tabagisme de la population âgée de 15 ou plus était de l’ordre de 32 %, il est désormais l’un des plus bas de l’OCDE avec 12 % de fumeurs.

Ces deux exemples démontrent l’efficacité des politiques de prévention à grande échelle sur des objectifs ciblés. Les 25 mesures du plan Priorité Prévention et les 400 millions d’euros qui y seront dédiés marquent le point de départ d’une sensibilisation à la prévention au sein de la population française.  
 

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