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16/04/2020

Les États face au coronavirus – L’Autriche et le retour à la "nouvelle normalité"

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Les États face au coronavirus – L’Autriche et le retour à la
 Alexandre Robinet-Borgomano
Auteur
Expert Associé - Allemagne

Chronologie

  • 25 février : deux premiers cas de contamination sont identifiés à Innsbruck, dans la région du Tyrol
  • 5 mars : les autorités islandaises inscrivent la région du Tyrol sur la liste des zones à risque aux côtés de la Chine, de l’Italie et de l’Iran
  • 10 mars : le gouvernement autrichien interdit les événements de plus de 500 participants en extérieur et ceux de plus de 100 personnes en intérieur, tout en invitant la population à réduire les contacts sociaux afin de protéger les personnes à risque. Les élections locales prévues le week-end suivant sont reportées. Des contrôles sanitaires sont mis en place à la frontière avec l’Italie et les vols en provenance des zones à risques sont suspendues
  • 11 mars : le gouvernement annonce la fermeture des crèches, des écoles et des universités et interrompt les liaisons ferroviaires ou aériennes en provenance de la plupart des pays touchés par l’épidémie
  • 12 mars : premier décès lié au Covid-19 identifié sur le territoire autrichien. Les visites dans les hôpitaux sont interdites. Les régions de Salzbourg, Vorarlberg et du Tyrol annoncent la fin anticipée de la saison d’hiver (fermeture de toutes les stations de ski à partir du 16 mars)
  • 13 mars : le gouvernement place en quarantaine deux communes du Tyrol identifiées comme des foyers de l’épidémie et annonce son plan de confinement. L’Autriche compte moins de 1000 cas de contamination à cette date et les deux premiers décès liés au Covid-19 ont été identifiés la veille.
  • 14 mars : le gouvernement présente son plan de sauvetage de l’économie, marqué par le recours facilité au chômage partiel, des prêts et garanties pour les entreprises et la création d’un fonds de stabilisation doté de 4 milliards d’euros
  • 15 mars : l’Autriche adopte un plan de confinement national considéré comme l’un des plus stricts en Europe : fermeture des restaurants, des magasins non essentiels à la vie du pays, des aires de sport et de jeux. La possibilité de quitter son domicile est limitée aux motifs suivants : activités professionnelles indispensables, achats de première nécessité, aide aux personnes en difficulté et activités physiques, seul ou accompagné des personnes partageant le même foyer. Les rassemblements de plus de 5 personnes sont interdits dans l’espace public
  • 23 mars : ouverture d’une enquête pour mise en danger d’autrui lié à une possible dissimulation de cas d’infections dans les stations de ski du Tyrol
  • 24 mars : le gouvernement annonce un objectif de 15 000 tests par jour pour accompagner les mesures de confinement
  • 25 mars : la Croix rouge autrichienne présente son application "Stopp Corona" permettant le traçage numérique des personnes infectées.
  • 30 mars : le port du masque est rendu obligatoire dans les supermarchés autrichiens
  • 31 mars : l’Autriche dépasse le seuil des 10 000 cas confirmés
  • 6 avril : le ministre de la Santé Rudolf Anschober annonce que l’Autriche est parvenue à aplatir la courbe des infections. L’Autriche compte alors 220 décès liés au Covid-19. Le Chancelier autrichien Sebastian Kurz présente le même jour son plan de dé-confinement, marqué par la réouverture progressive des commerces et la reprise de l’activité économique, et par le port obligatoire du masque dans l’espace public.

Analyse

Gouvernée depuis le début du mois de janvier par une alliance inédite entre les conservateurs et les verts, l’Autriche réaffirme dans la gestion de l’épidémie son rôle de "laboratoire" pour le reste de l’Europe. Après avoir été l’un des premiers pays d’Europe à imposer à sa population des mesures de confinement particulièrement strictes, à un stade précoce de l’épidémie, l’Autriche est le premier État à présenter un plan de sortie de crise à l’issue du week-end de Pâques. "La résurrection de l’Autriche est possible", annonçait le 6 avril le Chancelier Sebastian Kurz, liant son action politique à l’actualité du calendrier religieux. Pour le Chancelier, c’est bien parce que l’Autriche a réagi plus rapidement et de façon plus restrictive qu’elle est aujourd’hui en mesure de sortir de la crise avant les autres pays d’Europe.

Sa stratégie pour contenir la propagation de l’épidémie repose sur trois piliers : la mise en place de mesures de confinement particulièrement strictes, l’isolement des personnes à risque et des territoires les plus touchés et la définition d’une communication de crise parfaitement maîtrisée.

100 jours après l’apparition d’un nouveau "conservatisme vert", l’Autriche démontre la validité d’une solution politique qu’elle continue d’inventer. La gestion de la crise par le Chancelier conservateur et son ministre vert en charge de la Santé, Rudolf Anschober, est considérée comme un indéniable succès, en même temps qu’un pari. Selon un sondage publié le 2 avril dans le Standard, le parti conservateur autrichien (ÖVP) atteint désormais 43 % d’intentions de vote au niveau fédéral, gagnant près de 6 points par rapport aux dernières élections, alors que le parti vert atteint 19 % d’intentions de vote, soit 3 points de plus que lors des dernières élections. Le FPÖ, le parti d’extrême droite, allié des conservateurs jusqu’en 2019, atteint avec 11 % d’intentions de vote, son plus mauvais score depuis de nombreuses années.

La gestion de la crise par le gouvernement autrichien conforte l’image du Chancelier Sebastian Kurz sur la scène européenne et démontre la capacité de la nouvelle coalition à gérer le pays de façon efficace et coordonnée. Sa stratégie pour contenir la propagation de l’épidémie repose sur trois piliers : la mise en place de mesures de confinement particulièrement strictes, l’isolement des personnes à risque et des territoires les plus touchés et la définition d’une communication de crise parfaitement maîtrisée.

La propagation du virus en Autriche

L’apparition des premiers cas de contamination sur le territoire autrichien à la fin de mois de février est directement liée à la proximité du pays avec l’Italie. La courbe des contaminations suit dans un premier temps une courbe similaire à celle de la plupart des pays européens, passant de 100 cas confirmés le 8 mars 2020 à plus de 1 000 une semaine plus tard. Cette courbe s’infléchit de manière significative à partir du 26 mars, date à partir de laquelle l’Autriche quitte la trajectoire des autres pays européens et présente une courbe aplatie qui la rapproche du modèle sud-coréen. Le 12 avril 2020, l’Autriche qui compte un peu plus de 8,8 millions d’habitants, recensait 14 000 cas de contamination et 350 décès liés au Covid-19, soit un taux de mortalité proche de 2,5 %. À titre de comparaison, la France compte à la même date 130 000 cas de contamination et 14 000 décès, soit un taux de mortalité de 10,7 % et l’Allemagne 128 000 cas de contamination et 3 000 décès, soit un taux de mortalité de 2,3 % (ces taux de mortalité sont toutefois à prendre avec précaution car très dépendants du nombre de tests réalisés).

Si l’apparition du virus sur le sol autrichien est incontestablement liée à la proximité directe du pays avec l’Italie, particulièrement touchée par l’épidémie dès le mois de février, les stations de ski du sud-ouest de l’Autriche, en particulier du Tyrol, ont joué un rôle décisif dans la propagation du virus. Non seulement en Autriche, mais également dans le reste de l’Europe. Dès le 5 mars, les autorités sanitaires islandaises alertent le gouvernement autrichien sur la présence possible d’un "cluster" dans la station de ski d’Ischgl, après qu’une centaine de touristes rentrant de cette station ont été testés positifs. L’Islande choisit alors d’inscrire le Tyrol parmi les zones à risques (aux côtés de Wuhan, de l’Iran et de l’Italie du Nord) alors que l’Allemagne, la Norvège et le Danemark rapportent dans les jours qui suivent des cas de contaminations également liés à cette station.

Malgré les alertes, les autorités locales ont tardé à réagir et ce n’est qu’à partir du 13 mars que le Gouvernement fédéral place en quarantaine Ischgl et d’autres stations du Tyrol. Entre-temps, de nombreux touristes étrangers ayant fréquenté les soirées festives d’Ischgl ont pu contribuer à diffuser le virus dans le reste de l’Europe. L’absence de réaction rapide de la part des autorités autrichiennes s’explique en partie par la volonté de préserver la saison d’hiver, dont la région tire une grande partie de ses revenus. Ischgl apparaît désormais comme le symbole d’une légèreté dangereuse ayant accéléré la diffusion de l’épidémie en Europe, et le tribunal d’Innsbruck a ouvert fin mars une enquête sur une possible dissimulation volontaire de la gravité de la situation.

Dès le 5 mars, les autorités sanitaires islandaises alertent le gouvernement autrichien sur la présence possible d’un "cluster" dans la station de ski d’Ischgl, après qu’une centaine de touristes rentrant de cette station ont été testés positifs.

Des mesures restrictives et rapides

Depuis le milieu du mois de mars, la communication du gouvernement autrichien s’attache à mettre en évidence le caractère exemplaire des mesures adoptées par l’Autriche et le "modèle" que représente la gestion de la crise pour le reste de l’Europe. L’intensité des mesures imposées aux stations de ski du Tyrol à partir du 13 mars apparaît ainsi comme un moyen d’effacer la négligence initiale.

Lors de sa conférence de presse du 13 mars, le chancelier Sebastian Kurz présente ainsi un arsenal de mesures pour lutter contre la propagation de l’épidémie, prévoyant notamment la mise en quarantaine des communes de Paznauental et de St. Anton am Arlberg, sur lesquelles sont situées les stations de ski identifiées comme des foyers de contamination. Les touristes étrangers doivent quitter le territoire avec obligation de se mettre en quarantaine une fois rentrés dans leur pays d’origine et les communes concernées sont placées en isolement total, coupées du reste du pays au moins jusqu’au 26 avril. La mise en quarantaine de communes entières représente l’une des mesures les plus radicales prises par l’Autriche pour enrayer la propagation de l’épidémie. 

À partir de cette date, l’Autriche, qui vient d’enregistrer son premier décès lié au Covid-19, renforce les mesures de distanciation sociale et annonce la mise en place d’un plan de confinement national, dont le caractère particulièrement restrictif surprend les autres États européens. Quelques jours avant la France, l’Autriche annonce la fermeture des restaurants, des magasins non essentiels à la vie du pays, des aires de sport et de jeux. La possibilité de quitter son domicile est limitée aux motifs suivants : activités professionnelles indispensables, achats de première nécessité, aide aux personnes en difficulté et activités physiques, seul ou accompagné des personnes vivant sous le même toit. Tous les rassemblements de plus de 5 personnes sont interdits dans l’espace public et passibles d’amendes.

Le Bild Zeitung, l’un des plus gros tirages de la presse allemande, titre ce jour-là sous une photo de Sebastian Kurz : "C’est le Chancelier dont nous avons besoin". L’adoption de ces mesures permet au jeune Chancelier autrichien, inspiré par les États d’Asie du Sud-Est et par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, de se présenter comme un dirigeant qui "agit" au milieu d’une Europe qui "attend". Ce plan de confinement s’accompagne également de la fermeture de la plupart des frontières du pays, décidées unilatéralement et sans concertation avec les partenaires européens. Les liaisons avec l’Italie, la France, l’Espagne et la Suisse sont suspendues, tandis que des contrôles sanitaires sont mis en place à la frontière italienne : seules les personnes présentant un certificat médical de moins de 4 jours peuvent entrer sur le territoire.

L’adoption de ces mesures permet au jeune Chancelier autrichien, inspiré par les États d’Asie du Sud-Est et par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, de se présenter comme un dirigeant qui "agit" au milieu d’une Europe qui "attend".

Cette décision permet au chancelier Sebastian Kurz de renouer avec la rhétorique du contrôle des frontières qu’il s’est attaché à développer lors des dernières crises migratoires. Cette approche destinée à raffermir le profil conservateur de son parti n’est pas dénuée de contradictions dans un pays où des secteurs d’activité sont largement dépendants de la main d’œuvre étrangère. Si elle s’enorgueillit d’avoir fermé ses frontières quelques jours avant les autres pour mieux se protéger, l’Autriche est désormais contrainte d’organiser des "ponts aériens" pour faire venir de l’Est de l’Europe la main d’œuvre nécessaire aux récoltes et au bon fonctionnement de son système de soin.

Vers une "nouvelle normalité"

Bien que le manque de personnel soignant dans les hôpitaux et maisons de retraites soit un problème bien identifié en Autriche, le pays peut s’appuyer dans cette crise sur un système de santé particulièrement bien préparé. Selon une étude de l’OCDE et de la Commission européenne, les dépenses de santé par habitant atteignent 3 900 euros en 2017, soit 1 000 euros de plus que la moyenne européenne, et les dépenses de santé ramenées au PIB atteignent 10,4 %, là où la moyenne européenne se situe à 9,8 %. L’Autriche investit davantage que ses voisins dans les traitements à l'hôpital et dispose d’un nombre de médecins et de lits d’hôpitaux particulièrement élevé. L’Autriche est ainsi le deuxième pays d’Europe, après l’Allemagne, en termes de nombre de lits en soins intensifs pour 100 000 habitants (28,9 en Autriche, contre 33,3 en Allemagne et 16,3 en France). Le 3 avril, le ministre autrichien de la Santé annonçait qu’avec près de 1 000 lits en soins intensifs et 3 000 respirateurs disponibles, les capacités des hôpitaux autrichiens ne risquaient pas d’être saturées. Comme en Allemagne, la résilience du système de soins permet aujourd’hui à l’Autriche d’accueillir des patients français et italiens.  

Le 6 avril 2020, alors que le ministre de la Santé annonce que la courbe des contaminations s’est aplanie au cours des 14 derniers jours, le Chancelier Sebastian Kurz présente pour la première fois en Europe un plan détaillé de sortie du confinement. À partir du 14 avril, les commerces de petite taille ainsi que les magasins de bricolage et de jardinage sont autorisés à ouvrir. À partir du 1er mai, les autres magasins, les centres commerciaux et les coiffeurs peuvent également reprendre leur activité, alors que les hôtels et les restaurants devraient ouvrir de nouveau à partir de la mi-mai. Les possibilités de sortie restent limitées et le télétravail reste la règle jusqu’à la fin du mois d’avril. Le gouvernement se réserve par ailleurs la possibilité d’évaluer l’impact de ces mesures au cours du mois d’avril et de rétablir des mesures de confinement plus strictes en cas de reprise de l’épidémie.

Cette reprise progressive de l’activité s’accompagne de mesures définissant ce que le Chancelier autrichien nomme la "nouvelle normalité". Depuis le 30 mars, le port du masque est rendu obligatoire dans les supermarchés autrichiens et, à partir du mardi 14 avril, cette obligation s’étend aux transports publics et à tous les magasins.

Comme les autres pays d’Europe, l’Autriche fait face à une pénurie de masques, obligeant de nombreuses industries à réorienter leurs chaînes de production pour permettre l’émergence d’une production nationale. Le 4 avril, la ministre conservatrice de l’économie annonçait ainsi le lancement d’une production de masques "Made in Austria" par un consortium appelé à produire 100 000 masques par jour et appelait toutes les personnes capables de coudre à participer au lancement de cette nouvelle industrie.

Aux côtés du port obligatoire du masque, l'Autriche mise sur le recours au dépistage massif pour accompagner ses mesures de déconfinement. Si la capacité de l’Autriche à tester massivement sa population est facilitée par la présence de tests rapides - produits notamment par l’entreprise de biotechnologies Procom Cure basée à Salzbourg et fournissant aux laboratoires du monde entier plus de 100 000 tests journaliers - la volonté du gouvernement de tester la population "dans son intégralité" se heurte encore aux capacités limitées des laboratoires autrichiens.

Le 24 mars, alors que près de 30 000 personnes avaient déjà été testées en Autriche, le Chancelier annonçait l’objectif de tester 15 000 personnes par jour dans les semaines suivantes. Ce volontarisme politique en matière de dépistage s’accompagne d’une pratique considérée comme l’un des éléments clés de la stratégie autrichienne : le dépistage, réalisé en grande partie par les équipes de la Croix Rouge, se pratique essentiellement au domicile des personnes présentant des symptômes afin d’éviter de nouvelles contaminations dans les hôpitaux.

Grâce à une rhétorique martiale prônant des mesures radicales pour protéger la vie des citoyens, le Chancelier Sebastian Kurz conforte son image d’homme d’action et son profil conservateur susceptible d’inspirer d’autres partis de droite en Europe.

Cette "nouvelle normalité" est également caractérisée par l’utilisation du traçage numérique, dont le Chancelier autrichien a fait l’un des piliers de la stratégie de sortie de crise. À l’heure actuelle, la Croix rouge autrichienne, très impliquée dans la lutte contre l’épidémie, a déjà lancé une application intitulée "Stopp Corona", téléchargée par près de 200 000 utilisateurs. Fondée sur le volontariat, cette application utilise la technologie bluetooth pour alerter les utilisateurs en cas de contact avec une personne contaminée. Le gouvernement, qui souhaite généraliser l’utilisation de cette application mais refuse à ce stade de la rendre obligatoire, envisage de distribuer des bracelets équipés de bluetooth aux Autrichiens qui ne disposent pas de smartphones. La mobilisation des citoyens, des acteurs industriels et des organisations humanitaires dans la lutte contre l’épidémie incarne la formule d’union nationale répétée par le Chancelier depuis le début de la crise "Wir sind das Team Österreich" (Nous sommes l’équipe Autriche).   

La communication du gouvernement représente l’un des principaux fondements du succès de l’Autriche dans la gestion de la crise. Grâce à une rhétorique martiale prônant des mesures radicales pour protéger la vie des citoyens, le Chancelier Sebastian Kurz conforte son image d’homme d’action et son profil conservateur susceptible d’inspirer d’autres partis de droite en Europe. Cette communication s’accompagne d'explications rationnelles, dispensées chaque soir par le ministre vert de la santé pour expliquer les mesures adoptées par l’Autriche, contribuant ainsi à renforcer la mobilisation de la population en faveur de la stratégie nationale de lutte contre l’épidémie. Ambition de leadership européen autour d’une réussite présentée comme exemplaire, maîtrise soignée de la communication, union entre verts et conservateurs sur une protection sanitaire qui concilie aisément leurs sensibilités : le "modèle" autrichien montre bien que toute gestion de crise traduit un projet politique assumé.

 

Copyright : ROLAND SCHLAGER / APA / AFP

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