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22/10/2020

Entre restauration et réforme : les clivages au sein du Parti démocrate américain

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Entre restauration et réforme : les clivages au sein du Parti démocrate américain
 Thomas Wright
Auteur
Directeur du Centre sur les États-Unis et l'Europe

Il est évident qu’un Joe Biden Président des États-Unis poursuivrait une politique étrangère très différente de celle de Donald Trump. Mais chercherait-il à restaurer l’approche du Président Barack Obama ou tenterait-il de tracer un nouveau chemin ?

Joe Biden est d’une certaine manière une valeur sure quand on en vient à la politique étrangère. Il croit à l’importance du leadership américain, à l’ordre libéral international, à la démocratie, aux alliances, aux traités, et au changement climatique. Dans l'hypothèse de son élection, il tentera de défaire une bonne partie des changements infligés par le Président Donald Trump - il rentrera rapidement dans l’Accord de Paris sur le changement climatique, essaiera de ranimer l’accord sur le nucléaire iranien, et travaillera de concert avec d’autres pays afin de combattre le Covid-19.

Mais, sur d’autres sujets, Biden reste une énigme. On sait qu’il serait différent de Trump, mais sa présidence différerait-elle de manière importante de celle de l’ancien Président Barack Obama ? Biden a désigné l’Arabie saoudite comme "État paria". Doit-on y voir le signe d’un changement de la position de l’Amérique de Joe Biden au Moyen-Orient ? Rentrerait-il dans le jeu de compétition entre grandes puissances avec la Chine et serait-il disposé à réformer le système économique mondial ? Enfin, poursuivrait-il la politique d’Obama qui consiste à pousser l’Europe à dépenser davantage dans le domaine militaire alors même que la pandémie exerce une pression à la baisse sur les budgets de la défense ?

[Biden] sait que ses liens avec Barack Obama sont un atout, et qu’il ne tirerait aucun bénéfice politique d’une distanciation avec l’ancien Président.

Il est difficile de répondre à ces questions car Biden n’a pas besoin d’entrer dans les détails pour marquer sa différence avec Trump. Il sait que ses liens avec Barack Obama sont un atout, et qu’il ne tirerait aucun bénéfice politique d’une distanciation avec l’ancien Président. Les échanges entre les candidats sur les questions de politique étrangère américaine ont beau être peu instructifs, un débat parallèle sur ces mêmes questions est en train de se jouer sous nos yeux, au sein même du Parti démocrate. Ce débat est souvent dépeint comme opposant les progressistes (alignés sur les positions de Bernie Sanders et d’Elizabeth Warren) et les centristes. Ceci est vrai mais incomplet, car le débat qui se tient à l’intérieur du camp centriste est encore plus important.

Distinctions entre centristes

Peu de gens évoluant hors de la sphère politique de Washington se sont intéressés au débat entre centristes. En effet, les progressistes ont tendance à ignorer les opinions centristes, les considérant comme identiques à celles mises en place par les administrations Clinton ou Obama. Cependant, de nouvelles formulations apparaissent clairement dans les revues de politique étrangère, dans les rapports de think tanks, et dans les travaux de la National Security Action, un organisme créé en 2017 qui chapeaute la réponse démocrate à Trump en matière de politique étrangère. Comprendre ce débat de centristes esquisse un aperçu de la potentielle approche de l’administration Biden en matière de politique étrangère.

Il est important de distinguer deux familles de centristes. La première se tient à la ligne définie par Obama, c’est-à-dire la vision globale articulée par l’administration Obama au cours de ses dernières années. Cette ligne, marquée par la détermination de ne pas laisser la concurrence géopolitique globale dicter la politique étrangère américaine, consiste à adopter une approche équilibrée face à la Chine. Elle combine le souhait d’éviter les interventions au Moyen-Orient avec l’ambition de maintenir le rôle traditionnel des États-Unis dans la région, soutient la mondialisation et l’intégration. Cette vision se construit également sur la conviction que le long arc de l'histoire favorise la démocratie si les Américains peuvent investir dans leur puissance et leurs forces nationales, et une certaine défiance à l’égard de l’activisme politique sans objectif stratégique clair. Un groupe de centristes continue de défendre largement cette vision du monde, bien qu'avec des mises à jour sur les événements des quatre dernières années - ils sont par exemple plus véhéments sur l’interférence russe ou les violations des droits de l’Homme en Chine. C’est ce groupe que j’appelle les "restaurationistes".

Le deuxième groupe — celui que je désigne sous le nom de "Démocrates 2021" — voit Trump comme une menace existentielle à la démocratie américaine et à l’ordre international. Mais ils estiment également que le monde a fondamentalement changé au cours des huit dernières années, depuis l'arrivée au pouvoir du Président Xi Jinping en Chine, le retour de Vladimir Poutine à la présidence de la Russie et la réélection d'Obama. Les populistes nationalistes arrivés au pouvoir dans plusieurs pays ont fragilisé les institutions démocratiques et entraîné une crise existentielle chez les centristes. L’autoritarisme a utilisé les nouvelles technologies pour moderniser son appareil répressif. Les dirigeants autocratiques sont devenus plus assertifs et agressifs sur le plan international, suite à l’affaiblissement des contraintes domestiques et internationales.

Les Démocrates 2021 [sont poussés] à revoir les fondamentaux de la politique étrangère américaine dans au moins quatre domaines : la Chine, la coopération entre démocraties, la géoéconomie et le Moyen-Orient.

Les problèmes communs, tels que le climat ou les pandémies, n’ont fait que s’aggraver, mais la coopération internationale est devenue plus difficile à mettre en place et à expliquer aux publics nationaux. C’est cette conviction que le monde a changé qui pousse les Démocrates 2021 à revoir les fondamentaux de la politique étrangère américaine dans au moins quatre domaines : la Chine, la coopération entre démocraties, la géoéconomie et le Moyen-Orient.

Le défi chinois

Aucune question n'a été plus controversée ou plus largement débattue que celle de l’approche américaine vis-à-vis de la Chine. En 2018, Kurt Campbell, le secrétaire d'État adjoint aux affaires de l'Asie de l'Est et du Pacifique sous l'administration Obama, et Ely Ratner, le conseiller adjoint de Biden pour la sécurité nationale pendant le second mandat d’Obama, ont publié un article influent dans la revue Foreign Affairs, affirmant que certains des postulats définissant la politique chinoise des administrations successives — par exemple, que les échanges commerciaux avec la Chine conduiraient à la libéralisation économique, et que la Chine deviendrait un acteur responsable de l'ordre international — étaient erronés. L’année suivante, Campbell a co-publié, cette fois avec Jake Sullivan, qui a occupé plusieurs postes de haut niveau au sein de l'administration Obama, un nouvel article dans la même publication sur la manière dont les États-Unis pourraient adopter une approche plus concurrentielle vis-à-vis de la Chine tout en évitant la confrontation.

Les Démocrates 2021 craignent que les États-Unis ne soient en train de prendre du retard sur le plan technologique et économique et considèrent que d’importants changements à la politique américaine sont nécessaires afin de reprendre le volant.

Bien qu’il existe un spectre d'opinions entre les Démocrates 2021, quelques généralisations demeurent possibles. Ils sont enclins à penser que la Chine a, sous Xi, basculé d’un régime autoritaire, où le pouvoir est partagé ou tout du moins limité par un politburo, à quelque chose qui ressemble nettement plus à une dictature. Le pays devient de plus en plus répressif, comme le démontrent le déploiement de technologies de reconnaissance faciale et de crédit social, le recours à des camps de concentration au Xinjiang et la destruction du modèle "Un Pays, Deux Systèmes" à Hong Kong. Ils ne sont, toutefois, pas certains du degré de changement que cela entraînera sur l’attitude de la Chine en matière de politique étrangère, ce qui nous amène à la deuxième généralisation.

Ils souhaitent que les États-Unis adoptent une stratégie plus concurrentielle que celle utilisée par l’administration Obama, tout en combinant concurrence et diplomatie pour que la rivalité ne se transforme pas en confrontation et en conflit. De la coopération sur des intérêts partagés demeure possible. Les deux aspects de cette équation sont importants. Ils sont plus ouverts à l’investissement des moyens diplomatiques dans la relation avec la Chine que l’administration Trump, mais ils ne renonceront pas à la concurrence en échange de coopération sur des problèmes partagés, comme l’administration Obama acceptait parfois de le faire.

Les Démocrates 2021 craignent que les États-Unis ne soient en train de prendre du retard sur le plan technologique et économique et considèrent que d’importants changements à la politique américaine sont nécessaires afin de reprendre le volant. Ils souhaitent que les alliances et partenariats des États-Unis, y compris de l’autre côté de l’Atlantique, comprennent un volet visant à affronter le défi posé par la Chine. Ils croient aussi que la compétition avec la Chine requiert des changements majeurs de politique nationale, y compris d’utiliser la politique industrielle afin de développer une base de production et moderniser l’infrastructure nationale. Ils sont ouverts à la possibilité d’un découplage partiel des économies des États-Unis et de la Chine, en particulier dans les domaines des technologies et des chaînes de production de matériel sanitaire critique, ainsi que dans d’autres domaines économiques qui ont une importance stratégique.

À l’inverse, les restaurationistes ont tendance à être moins disposés à accepter que Xi ait transformé le régime chinois en régime dictatorial, idéologiquement motivé, et déterminé à renverser l’ordre international libéral. Ils insistent sur la continuité entre la période pré-Xi, ses débuts, et la Chine contemporaine. Ils sont moins pessimistes sur les changements apportés à l’équilibre des puissances et moins enclins à utiliser la menace chinoise pour mobiliser le système politique derrière un changement à l’échelle nationale. Ils sont très sceptiques de tout découplage entre les États-Unis et la Chine. Avec le recul, ils ne considèrent pas qu’Obama se serait trompé sur la Chine.

Si on devait s’en tenir à une grande idée partagée par les démocrates, celle-ci serait sans doute la nécessité d’approfondir la coopération des États-Unis avec les autres démocraties.

Coopération entre démocraties

Si on devait s’en tenir à une grande idée partagée par les démocrates, celle-ci serait sans doute la nécessité d’approfondir la coopération des États-Unis avec les autres démocraties. À première vue, rien de bien nouveau. Des propositions visant à constituer un concert ou une ligue de démocraties flottent dans l’air depuis au moins 15 ans, mais c’est bien l’administration Trump qui a redonné de la vie à ce concept. Ses attaques contre la démocratie aux États-Unis, combinées avec la préférence du Président pour les régimes autoritaires à l’étranger, font de la coopération entre démocraties un correctif évident et nécessaire aux années Trump. La question est de savoir la forme que pourrait prendre cette coopération.

Dans sa forme la plus basique, les États-Unis convoqueraient un sommet entre démocraties sur le modèle du sommet sur la sécurité nucléaire, au cours duquel les démocraties s’engageraient à renforcer la démocratie au niveau national et au niveau international. Les États-Unis approfondiraient leurs relations avec leurs alliés démocratiques. Biden s’est déjà publiquement engagé à mettre cela en place, mais les Démocrates 2021 ont quelque chose de plus radical en tête.

En effet, ils voient la confrontation entre démocratie et autoritarisme comme un clivage à l’échelle mondiale. Ils veulent faire de la coopération entre démocraties un principe élémentaire de la politique étrangère américaine, à la fois afin de concurrencer la Chine, mais aussi car ils considèrent la démocratie elle-même comme étant en grave danger. Ils veulent que les démocraties deviennent collectivement plus résilientes, y compris en se découplant des pays autoritaires. Ils veulent travailler avec d’autres sociétés libres afin de promouvoir les normes libérales dans l’ordre international et concurrencer la Chine et la Russie dans les institutions internationales.

L’autoritarisme, selon les progressistes, se nourrit de la corruption, de l’oligarchie et de la kleptocratie, et pose un problème aussi bien interne qu’externe à la démocratie.

Les restaurationnistes, à l’inverse, sont soucieux de ne pas créer de clivages exacerbant la concurrence avec la Chine. Ils voient la coopération entre démocraties comme une partie d’une stratégie diplomatique plus large. Ils ont tendance à être plus optimistes sur l’avenir de la démocratie sur le moyen et le long terme.

Géoéconomie

Dans un article publié début 2020, Jake Sullivan, l’ancien conseiller en sécurité nationale de Biden, et Jennifer Harris, une ancienne membre de l’administration Obama, mettent en avant de nouvelles manières de penser l’économie et le commerce international. Les penseurs économiques américains modérés, disent-ils, ont commencé à accepter l’idée que le néolibéralisme a eu des torts au cours des dix dernières années et que le monde de la géoéconomique doit donc en faire de même. Sullivan et Harris défendent une réforme des accords commerciaux afin de lutter contre les paradis fiscaux, d’empêcher la manipulation de devises, d’améliorer les salaires et générer de l’investissement aux États-Unis. La politique industrielle devrait être utilisée afin de concurrencer la Chine, en particulier dans le domaine des nouvelles technologies. Enfin, aborder le problème posé par les monopoles (en particulier dans le secteur de la tech) constitue un élément important d’un rééquilibrage de la mondialisation.

Le programme Sullivan-Harris s’aligne parfaitement avec la pensée développée par l’aile progressiste du parti démocrate, où des penseurs comme Ganesh Sitaranman, qui a conseillé la candidate démocrate Elizabeth Warren, défendent que la politique étrangère américaine devrait prendre bien plus au sérieux la géoéconomie. L’autoritarisme, selon les progressistes, se nourrit de la corruption, de l’oligarchie et de la kleptocratie, et pose un problème aussi bien interne qu’externe à la démocratie. Afin de pallier ce risque, les États-Unis doivent combattre la corruption et réformer l’économie mondiale, y compris en éliminant les paradis fiscaux, en régulant la finance mondiale, en stoppant les flux financiers internationaux illégaux, et en combattant les inégalités.

Les Démocrates 2021 sont aussi déterminés à utiliser le défi chinois, qu’ils considèrent comme réel et inquiétant, afin de mobiliser autour d’un programme économique ambitieux aussi bien sur le plan domestique qu’à l’international. Ils perçoivent la Chine comme la colle qui pourrait aider à façonner une coalition réformiste, facilitant l’augmentation du rôle de l’État dans les économies démocratiques en voie de réindustrialisation, en particulier dans le domaine des technologies, et contribuant à la modernisation de leur infrastructure. Ceci pourrait aussi pousser à plus de coopération et de coordination économique afin de présenter un front uni face à Pékin. 

Certains de ceux qui veulent s'éloigner du Moyen-Orient reconnaissent la nécessité de poursuivre les opérations contre Daech ou ses affiliés, même s'ils veulent éviter des interventions plus longues et à plus grande échelle.

Les restaurationnistes sont en règle générale pour le retour des États-Unis dans des accords de libre-échange tels que le TTIP ou le TPP, sont moins disposés à utiliser le spectre de la Chine comme principe organisateur de cette politique car ils craignent que cela ne contribue à une nouvelle guerre froide, et sont plus timides en ce qui concerne les réformes de l’ordre financier ou économique mondial.

Repenser le Moyen-Orient

Le dernier grand débat se concentre sur la question du Moyen-Orient. Les démocrates centristes font ouvertement part de leur scepticisme face au haut niveau d’activité maintenu dans la région par les États-Unis depuis des décennies. Dans un article publié début 2019 dans Foreign Affairs, Tamara Wittes et Mara Karlin, qui ont servi dans l’administration Obama, écrivent que "bien que le Moyen-Orient soit toujours important pour les États-Unis, la région est beaucoup moins cruciale qu’elle ne l’a été". Début 2020, Martin Indyk, l’envoyé d’Obama pour la paix israélo-palestinienne, écrivait qu’après avoir défendu toute sa vie un rôle fort pour les États-Unis dans la région, il considère désormais que cela n’en vaut plus la peine.

Tous les trois défendent une revue à la baisse importante des objectifs américains au Moyen-Orient. Il ne s'agit pas seulement d'éviter des interventions militaires inutiles. En effet, certains de ceux qui veulent s'éloigner du Moyen-Orient reconnaissent la nécessité de poursuivre les opérations contre Daech ou ses affiliés, même s'ils veulent éviter des interventions plus longues et à plus grande échelle. Le but est principalement de revoir à la baisse l’engagement traditionnel américain, y compris envers ses alliés du Golfe. Il y a des opinions dissidentes dans le camp réformiste. Sullivan et Daniel Benaim, qui ont aussi servi dans l’administration Obama, défendent pour leur part une politique diplomatique plus ambitieuse et affirmée, pour forger un accord entre les grandes puissances de la région, dont l'Arabie saoudite et l'Iran, qui utiliserait plus de moyens de pression que l'administration Obama.

Les restaurationnistes se font discrets au sujet du Moyen-Orient. On peut penser qu’ils tenteront de reprendre le dossier là où Obama l’avait laissé, tentant de raviver l’accord sur le nucléaire iranien et travaillant avec les alliés des États-Unis pour contrer l’Iran et combattre l’État islamique. On pourrait également voir de nouveaux efforts afin de sauver la solution à deux États, sans que les États-Unis ne fassent pression outre mesure sur Israël.

Sur chacun de ces sujets — la Chine, la coopération entre démocraties, la géoéconomie, et le Moyen-Orient — le débat se joue entre ceux qui considèrent qu’il y a peu de raisons de changer en profondeur les postulats qui sous-tendaient l’approche d’Obama, et ceux qui en voient de nombreuses. Un aspect de ce clivage est générationnel, même si les lignes de démarcation sont floues. Les Démocrates 2021 ont tendance à être dans l’urgence ; en effet, ce groupe considère que le monde libre est en train de nous échapper et ne peut être sauvé que par un changement radical dans l’approche américaine, non seulement par rapport à Trump, mais aussi par rapport à Obama. Personne ne sait vraiment où Biden se positionne sur ces sujets — les deux positions sont compatibles avec sa vision du monde.

Les restaurationnistes et les Démocrates 2021 seront forcément représentés dans cette administration, mais il n’est pas sûr que des personnalités issues du camp de la réforme parviennent aux plus hautes positions dans l’équipe de sécurité nationale. Le plus probable est que ces clivages continuent au sein de l’administration Biden et façonnent à la fois les débats internes et le discours officiel. 

 

Avec l'aimable autorisation du German Council on Foreign Relations (DGAP) (publié le 1er octobre 2020 sur le site Internationale Politik Quarterly). 

Copyright : Sean Rayford / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

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