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08/06/2017

Habitat : investir pour le climat

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Habitat : investir pour le climat
 Institut Montaigne
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Institut Montaigne

La transition écologique ne se résume pas au développement des énergies renouvelables. D?ailleurs, le mot " écologie " provient du grec " oikos ", qui signifie " foyer " ou " maison ", et " logos ", qui signifie " discours ", " étude ". Ainsi, l'habitat occupe naturellement une place centrale dans cette transition.

Pour contenir le réchauffement climatique, plusieurs leviers doivent être actionnés. En particulier, la rénovation des bâtiments, relativement facile à mettre en ?uvre, constitue un gisement d'économies d'énergie très important qui peut largement  contribuer à la réduction de notre empreinte écologique.

Pourquoi l’habitat est-il une priorité de l’action en faveur du climat ?

Afin de lutter contre le changement climatique, il faut réduire l’émission de gaz à effet de serre (GES). En effet, l’augmentation de leur concentration dans l’atmosphère est à l’origine du réchauffement. Or, en France, le chauffage dans les bâtiments résidentiels et tertiaires est le deuxième secteur le plus émetteur de GES. Il représente environ  20 % de nos émissions.


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Source : Ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer
 

À l’occasion de la COP21, en décembre 2015, la communauté internationale a réaffirmé l’importance d’agir au niveau mondial pour contenir le réchauffement climatique. En France, la loi de transition énergétique pour la croissance verte, promulguée en août 2015, a établi deux objectifs de rénovation correspondant à deux horizons de temps différents :

  • disposer, à l’horizon 2050, d’un parc immobilier rénové en fonction des normes " bâtiment basse consommation " ;
  • avoir rénové, d’ici 2025, tous les bâtiments privés résidentiels dont la consommation en énergie primaire est supérieure à 330 kilowattheures par mètre carré et par an.

Quelles sont les économies d’énergie potentielles ?

La rénovation thermique des bâtiments permet de réduire considérablement la consommation d’énergie par le chauffage et donc les émissions de GES. Les gisements d’économie d’énergie résident principalement dans l’isolation des bâtiments existants ; plus de la moitié du parc actuel a été construite avant 1975, date à laquelle il n’existait pas encore de réglementation thermique. Ces logements sont les plus consommateurs d’énergie finale.

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Source: CEREN

Afin d’évaluer les performances en termes de consommation d’énergie primaire et d’émissions de GES d’un logement ou d’un bâtiment, le diagnostic de performance énergétique (DPE) a été mis en place. Il se matérialise par deux supports : une étiquette énergie et une étiquette climat.

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Dans le parc actuel, la grande majorité des logements est classifiée D ou E en consommation d’énergie primaire, et C, D ou E en  émissions de gaz à effet de serre.

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Source : Ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie

La durée de vie du bâti étant longue, et les travaux de rénovations coûteux, les logements ne connaissent pas fréquemment de lourdes rénovations : celles-ci doivent donc être pensées dès aujourd’hui avec les exigences de 2050. Le parc renouvelé aujourd’hui constituera une part importante du parc de logements en 2050 et doit donc aussi être performant au niveau énergétique.

À titre d’exemple, et d’après une étude de l’initiative Renovons, la rénovation d’un appartement de 60 m² qui permet de passer d’une étiquette énergie F à une étiquette D, coûte près de 10 000 €, dont environ 2 000 € à financer par le ménage, le reste étant financé par les aides de l’État. Après rénovation, la facture énergétique peut être divisée par cinq. La facture annuelle moyenne par ménage est estimée par l’INSEE à 1 250 € au niveau national : elle concerne le chauffage, l’eau chaude et la ventilation. Ainsi, en moins de 10 ans, la rénovation du logement est rentabilisée.

Quels sont les leviers d’action ?

Afin de limiter l’émission de GES dans le secteur résidentiel et tertiaire, différents leviers peuvent être actionnés dès maintenant.

  • Isoler les bâtiments

L’isolation du bâti et l’utilisation d’un vitrage adapté doivent permettre de réduire la consommation finale d’énergie.  Le double vitrage peut par exemple permettre des économies de chauffage de l’ordre de 10 %.

  • Utiliser un système de chauffage adapté

Les pompes à chaleur et réseaux de chaleur sont des systèmes de chauffage à privilégier. En effet, ils sont très économes en énergies et émettent peu de GES. En particulier, la pompe à chaleur a besoin, pour fonctionner, d’énergie puisée dans l’air, l’eau ou le sol (à hauteur de 75 %) et d’électricité (25 %). Elle permet ainsi de consommer très peu d’électricité, notamment par rapport aux radiateurs électriques.

  • Adopter un mode de consommation plus sobre en énergie

Une consommation plus sobre doit être privilégiée pour diminuer la consommation d’énergie ; la révolution numérique peut aider cette évolution car elle permet le développement de fonctions intelligentes sur les équipements, dont la performance est alors améliorée. C’est le cas, par exemple, des radiateurs électriques : l’ajout des fonctions de régulation automatique, de détection d’occupation (présence ou absence du logement), de programmation, d’auto-apprentissage ou encore de détection de l’ouverture et de la fermeture d’une fenêtre permet de réaliser 30 % d’économies d’énergie en moyenne sur le parc, selon le GIFAM.

Par ailleurs, le numérique ouvre des opportunités pour faire communiquer des équipements entre eux, et avec le réseau (ou avec la production locale d’énergies renouvelables, si le logement possède un panneau solaire par exemple), afin de séparer les périodes de production et de consommation, de produire lorsque le réseau est disponible et d’éviter ainsi les pics de consommation.

La réduction des émissions de GES dans le secteur résidentiel permet d’envisager la transition écologique de façon très concrète pour les citoyens et donc de mieux les impliquer. Mais des questions opérationnelles doivent encore être tranchées pour accélérer cette transition et exploiter les gisements dont recèle notre parc de logements. Pour cela, il faut notamment définir les responsabilités entre propriétaires et locataires : le partage des coûts de la rénovation et des économies d’énergies constitue aujourd’hui un frein à la rénovation des logements existants.

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Source : Ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie

 

Par Aude Fillon pour l'Institut Montaigne

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