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06/12/2016

L’économie circulaire dans le monde : le Maroc, à la pointe en Afrique ?

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L’économie circulaire dans le monde : le Maroc, à la pointe en Afrique ?
 Marc-Antoine Authier
Auteur
Chargé d'études - Energie, Développement durable

Comment l'économie circulaire peut-elle contribuer à l'action en faveur du climat ? Dans quelle mesure permet-elle de concilier croissance économique et préservation de l'environnement ? La COP22, qui s'est tenue à Marrakech du 7 au 18 novembre, a été l'occasion de confronter les stratégies des États les plus engagés en matière d'économie circulaire. Tour d'horizon des principales initiatives nationales.

L’action en faveur du climat : un “problème de riche” ?

Faut-il qu’un pays ait déjà atteint un stade de développement économique suffisamment avancé pour qu’il prenne en compte l’impact de ses activités sur l’environnement ? La question s’est longtemps posée au sein de la communauté internationale lors des négociations climatiques. Elle a longtemps été entretenue par les réticences de la Chine à s’aligner sur les exigences européennes en matière d’action en faveur du climat, incarnées par la non ratification du protocole de Kyoto en 1997.

Cependant, et notamment depuis la COP21, la donne a changé. Comme nous l’expliquons dans la note Entreprises & climat : de la mobilisation à l’action, l’accord ratifié par la Chine et les États-Unis - les deux plus gros émetteurs de gaz à effet de serre au monde - en amont de la conférence de Paris a contribué à rendre caduque cette dichotomie entre pays développés et pays en voie de développement en matière de lutte contre le changement climatique. Au reste, ces derniers seront d’autant plus impliqués dans cette mobilisation globale qu’elle s’inscrira dans leur stratégie de développement globale. Est-il possible pour un pays en développement d’envisager l’action en faveur du climat comme une opportunité économique plutôt que comme un frein au développement ?

Quels intérêts pour les pays africains ?

Un récent billet de ce blog montrait comment l’économie circulaire, qui intègre les externalités négatives dans les modèles économiques, peut directement contribuer à la lutte contre le changement climatique. Elle ne constitue pas un modèle de développement réservé aux économies développées. De nombreux pays en voie de développement ont ainsi affirmé, à l’occasion de la COP22, leur engagement en faveur d’une telle évolution de leurs économies, car elle permet de dépasser l’opposition entre opportunités de croissance et protection de l’environnement.

Pour des pays en voie de développement, l’économie circulaire est souvent pratiquée de façon informelle, notamment dans les cas où les infrastructures de gestion des déchets ne sont pas suffisantes pour permettre aux collectivités locales d’organiser le recyclage. Les opportunités de développement qu’elle présente sont nombreuses :

  • amélioration des conditions d’hygiène publique,
  • insertion d’individus dans des circuits économiques formels,
  • manne de matières premières secondaires disponibles localement.

En Afrique notamment, l’économie circulaire convainc progressivement les décideurs publics de ses vertus. La déclaration de Cotonou, feuille de route des pays africains en matière d’action en faveur du climat signée en amont de la COP22 par des élus locaux, émane de cette nouvelle volonté. Le Maroc, organisateur de la Conférence de Marrakech le mois dernier, montre à cet égard l’exemple.

Le Maroc : l’exemple à suivre ?

Rabat s’est en effet engagée dans une démarche volontariste de transition vers une économie plus circulaire. L’impulsion a été donnée, de façon symbolique, cet été : depuis le 1er juillet 2016, la loi marocaine interdit la production, l’importation, l’exportation, la commercialisation et l’utilisation de sacs plastique destinés à l’emballage. La seule fabrication est punie d’une amende pouvant s’élever à un million de dirhams (environ 100 000 euros). Si cette mesure n’améliore pas l’efficacité globale du système de gestion des déchets, elle aura au moins le mérite de marquer les esprits et d’afficher la volonté du gouvernement. Celui-ci s’est également engagé à accompagner dans leur reconversion les entreprises dont les activités sont directement concernées en subventionnant une partie des investissements qu’elles réaliseront pour opérer cette transition.

Dans le rapport Économie circulaire : réconcilier croissance et environnement, publié à l’occasion de la COP22, l’Institut Montaigne recommande l’adaptation des cadres réglementaires au développement d’activités conçues “en boucle”. Il s’agit notamment stimuler le recyclage des déchets afin de mieux valoriser la matière. Certes, le Maroc fait ainsi preuve d’un volontarisme en termes de développement durable et il convient de saluer cette initiative. Cependant, cette dynamique ne pourra être soutenue par l’ensemble des parties prenantes que si les intérêts des “perdants” potentiels de cette transition sont également pris en considération.

Pour aller plus loin :

De la COP21 à la COP22 : bouclons la boucle !

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