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18/05/2016

Comment expliquer le ralentissement de l’économie mondiale ?

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Comment expliquer le ralentissement de l’économie mondiale ?
 Victor Poirier
Auteur
Ancien directeur des publications



La croissance mondiale est à la baisse. Le FMI l'a encore confirmé dans ses récentes "perspectives de l'économie mondiale", revoyant ses prévisions à 3,2% pour 2016, contre 3,4% prévus initialement.

Quatre tendances participent à ce ralentissement...

Une économie chinoise tourmentée

Croissance en baisse, endettement massif des secteurs privé et public, politique monétaire trop accommodante, risque de dévaluation de la monnaie : la santé de l’économie chinoise suscite de nombreuses inquiétudes. Si le gouvernement chinois a réagi en limitant son hard landing – une récession brutale qui inquiétait grandement les marchés – les outils de relance utilisés ne risquent d’avoir d’impact qu’à court terme et ne font que retarder les réformes structurelles pourtant indispensables. Philippe Le Corre, chercheur à la Brookings Institution et coauteur de L’Offensive chinoise en Europe (Fayard, 2015), analyse la situation pour l’Institut Montaigne.

Des politiques monétaires de moins en moins efficaces


Malgré l’omniprésence des banques centrales dans le paysage économique actuel, l’inflation ne décolle pas : en zone euro, elle était nulle en 2015 et est attendue à 0,5% pour 2016. La chute du cours du pétrole contrecarre les efforts des banquiers centraux. Les marges de manœuvre de la FED comme de la BCE sont d’ailleurs réduites, compte tenu des mesures conventionnelles – baisse des taux d’intérêt –, et non-conventionnelles – "quantitative easing" (augmentation de la masse monétaire) et "forward guidance" (orientation des anticipations des taux futurs) – déjà mises en place. Après des années d’activisme, les banquiers centraux doivent maintenant répondre à un problème de taille, celui du rendement décroissant des politiques monétaires.

Des incertitudes politiques et géopolitiques


De nombreuses échéances politiques pourraient affecter l’économie mondiale au cours de l’année 2016 : de la procédure de destitution de Dilma Rousseff au Brésil à l’élection présidentielle américaine de novembre, en passant par les négociations du traité transatlantique ou le référendum britannique du 23 juin prochain, l’actualité est riche.

L’impact de ces événements sur le court et long terme est difficilement chiffrable. L’Union européenne en particulier vit une année décisive, tant économiquement - les conditions d’un potentiel traité de libre-échange avec les États-Unis étant toujours en discussion - que politiquement, avec la poussée du populisme et la potentielle sortie du Royaume-Uni de l’Union.

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Dans un système d’interdépendance généralisée, chaque pays utilise les leviers qui sont à sa disposition pour préserver, voire accroitre, ses intérêts stratégiques. Les États-Unis utilisent en premier lieu leur monnaie, l’Arabie Saoudite le pétrole, la Turquie les flux migratoires, l’Union européenne sa puissance réglementaire. En retour, ces mêmes puissances tentent de limiter cette interdépendance. L’exemple d’internet est frappant : de nombreux pays tentent actuellement de faire émerger des systèmes et des entreprises nationales dans ce domaine, au point que l’on parle à présent de "splinternet".

Des sociétés en plein vieillissement

Le vieillissement des populations constitue un défi majeur pour les économies développées qui connaissent depuis de nombreuses années un faible taux de natalité. Les dépenses en matière de santé seront amenées à augmenter en proportion du nombre de seniors mais aussi du fait de l’innovation qui, si elle permet de vivre plus longtemps, présente un coût non-négligeable.

Pour répondre aux défis de santé, un taux de croissance soutenu est nécessaire : compte tenu de la faible évolution de la force de travail, le ratio actif/retraité étant en constante dégradation, un gain de productivité est indispensable pour assurer le bon fonctionnement des systèmes de santé.

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