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18/04/2016

Universités : la France peut aussi montrer l’exemple !

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Universités : la France peut aussi montrer l’exemple !
 Elena Scappaticci
Auteur
Chargée de mission

 


Onze "jeunes" universités françaises (universités de moins de cinquante ans) figurent dans le top 100 mondial du classement du Times Higher Education (THE) publié le 8 avril dernier. Troisième pays le plus représenté, derrière la Grande-Bretagne et l'Australie, la France rivalise dans cette catégorie avec les meilleures universités mondiales, notamment grâce à  l'Université Pierre et Marie Curie (9e position) ou à l'Université Paris Sud (18e position), toutes deux fondées en 1971 dans le prolongement de la Loi Faure de 1968 - première étape du processus d'autonomisation progressive des établissements d'enseignement supérieur français.

 

 

 

 

Pourtant, la pluridisciplinarité, l’ouverture à l’international, la professionnalisation des étudiants, la collaboration avec les entreprises – critères essentiels à la création des "pôles universitaires d’excellence" dont le Plan campus de 2008 devait assurer l’émergence – restent très insuffisamment prises en compte dans la politique de recherche de la grande majorité des universités françaises.

Comment ces "jeunes universités" qui brillent à l’international se distinguent-elles ?

Pour les responsables du THE, la réussite de ces deux universités doit largement à l’autonomie financière qu’elles ont récemment acquise avec la loi du 10 août 2007 relative aux libertés et responsabilités des universités. En devenant autonomes sur le plan budgétaire, les universités ont en effet acquis de nouvelles compétences en matière de pilotage stratégique de leur politique de recherche. Les quelques universités françaises tirant leur épingle du jeu ont su profiter de cette double autonomie nouvellement acquise pour prendre des initiatives au service d’une collaboration renforcée avec les entreprises et d’une meilleure visibilité internationale de leur production.

Ainsi, les innovations pédagogiques mises en place par l’Université Pierre et Marie Curie (UPMC) lui ont permis de se rapprocher des grandes universités technologiques caracolant en tête du classement. Disposant du plus grand laboratoire informatique de France (le "Lip6"), elle a ainsi créé en 2012 son premier incubateur de jeunes entreprises, Agoranov, qui offre aux universitaires une visibilité indispensable à la valorisation de leurs inventions. Soutenus dans leurs démarches de levée de fonds, de partenariat ainsi que dans l’élaboration de leurs business plan par l’Université, les "chercheurs-entrepreneurs" les plus talentueux voient le déploiement international de leur invention considérablement facilité par ces dispositifs d’accompagnement.

L’UPMC a également considérablement accru ses efforts en matière de professionnalisation des étudiants. Enjeu majeur de la loi de 2007, la mission "d’insertion professionnelle" confiée aux universités est aujourd’hui pleinement assumée par cet établissement : ateliers de formation des enseignants chercheurs à la culture d’entreprise, ateliers de planification du projet d’étude et de préparation à l’entrée sur le marché du travail des étudiants, etc. Tout est mis en œuvre pour offrir aux étudiants de véritables parcours professionnalisant et pluridisciplinaires identiques à ceux des meilleures universités californiennes.

Comment diffuser ces pratiques plus largement dans le tissu universitaire français ?  

Encourager les établissements à développer des formations pluridisciplinaires, comme nous ne proposons dans le rapport Université : pour une nouvelle ambition, dans le cadre de rapprochements avec les COMUE (Communautés d’universités et d’établissements) qui soient accréditées, via des contrats d’établissement, par une évaluation ex post – conduite entre trois ou quatre ans après leur mise en œuvre.

Autre incitation forte, les entreprises ont un rôle d’envergure à jouer au sein des universités. La double exigence de professionnalisation des formations et de préparation à l’insertion professionnelle ne peut en effet être assumée seule par l’enseignement supérieur. C’est pourquoi  le développement de partenariats audacieux et durables entre les universités et les entreprises doit être une priorité, multipliant ainsi les structures mixtes recherche-entreprises du type incubateur de start-up.

Parce que les résultats de ce classement démontrent que l’autonomisation des universités est indispensable à l’alignement de la politique de recherche française sur les standards internationaux, le cap de l’autonomie dans la gouvernance des établissements doit être franchi. Afin que les établissements français puissent se doter d’une gouvernance en adéquation avec leurs ambitions, le fonctionnement des conseils dirigeants devrait notamment mettre davantage l’accent sur les questions stratégiques, et non sur les débats internes. Pourrait également être appuyée la mise en place d’un Conseil d’orientation constitué en majorité de membres extérieurs, chargé d’exprimer les attentes à l’égard de l’institution et de la qualité de l’enseignement et de la recherche.

Toutes nos propositions dans Université : pour une nouvelle ambition.


 

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