Rechercher un rapport, une publication, un expert...
L'Institut Montaigne propose une plateforme d'Expressions consacrée au débat et à l’actualité. Il offre un espace de décryptages et de dialogues pour valoriser le débat contradictoire et l'émergence de voix nouvelles.
30/10/2015

Accord sur les retraites complémentaires: comment aller plus loin ?

Imprimer
PARTAGER
Accord sur les retraites complémentaires: comment aller plus loin ?
 Victor Poirier
Auteur
Ancien directeur des publications

Syndicats (CFDT, CFTC et CFE-CGC) et patronat se réunissent ce vendredi pour finaliser l'accord sur les régimes de retraites complémentaires Agirc-Arrco, entériné il y a quelques jours et venu clore six mois de négociations. Le compromis conclu entre les partenaires sociaux était indispensable à la survie financière des retraites complémentaires qu'elles gèrent de façon paritaire, sans intervention de l'Etat. On peut se réjouir de cette issue positive, mais cet accord à l'arrachée relève davantage de la symbolique que du plan d'envergure. Les enjeux les plus forts que doit affronter notre système de retraites sont toujours à traiter.

Les mesures décidées par cet accord sont majoritairement destinées à faire des économies, à hauteur de 6 milliards d’euros en 2020, contre 8 milliards initialement prévus. Parmi celles-ci, la sous-indexation des pensions d’un point par rapport à l’inflation ou le décalage de la revalorisation annuelle des retraites. Mais surtout, les partenaires sociaux ont opté pour un système de bonus-malus qui traite indirectement le sujet épineux de l’âge de départ à la retraite. Les seniors sont encouragés à travailler une année supplémentaire, pour éviter de voir leur pension diminuer de 10% pendant deux ans – ou trois, selon la conjoncture financière des régimes. Ils verront même leur pension augmenter de 10 à 30% s’ils décident de prolonger leur carrière de un à trois ans.

Quelles est la portée d’un tel accord ? Les conséquences pour les salariés sont existantes mais limitées. Tout d’abord, les salariés exonérés de CSG seront exclus du mécanisme et ceux soumis à un taux réduit verront leur malus minoré à 5%. Ce sont donc 30% des retraités qui ne seront que peu ou pas affectés par cette nouveauté. Ensuite, cet accord ne concernant que les retraites complémentaires, il est probable que le malus ne soit pas suffisamment efficace pour inciter les travailleurs à prolonger leur carrière. Enfin, ce compromis met fin à la convergence des régimes de retraite des fonctionnaires et des salariés du privé qui peuvent s’estimer lésés. En effet, même si l’abattement final est faible et temporaire, il va sans doute encourager certains salariés à travailler plus pour gagner autant et donc, partir à la retraite à 63 ans. S’il arrive à point nommé, l’accord pose à nouveau la question de l’équité entre secteur privé et fonction publique.

Il est par conséquent nécessaire d’étendre la réflexion à l’ensemble du système de retraites et d’ouvrir réellement le débat sur l’âge légal. Les chiffres de l’Insee ; publiés cette semaine – 180 000 seniors supplémentaires ont rejoint le marché du travail en 2014, ce qui porte le taux d’activité des 50-64 ans à 63.1% (contre 56.5% en 2009) – sont encourageants et témoignent d’une augmentation de la part de seniors actifs.. Car au-delà des problèmes qui surgissent entre les différents systèmes, ce sont les prévisions démographiques qui l’exigent : le déficit des caisses de retraites est attendu à 11,1 milliards d’euros en 2018 par le Conseil d’Orientation des Retraites (COR).

Recevez chaque semaine l’actualité de l’Institut Montaigne
Je m'abonne