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28/01/2013

Marché du travail : face à un chômage élevé, mieux cibler les politiques de l'emploi

Marché du travail : face à un chômage élevé, mieux cibler les politiques de l'emploi
 Angèle Malâtre-Lansac
Auteur
Ancienne directrice déléguée à la Santé



Lundi 22 janvier, la Cour des comptes rendait public son rapport Marché du travail : face à un chômage élevé, mieux cibler les politiques. L’ensemble des politiques en faveur de l’emploi représente en effet plus de 50 milliards d’euros de dépenses annuelles. Pourtant, notre système est peu efficace en termes de retour à l’emploi et cible insuffisamment ceux qui en ont le plus besoin.

Un système d’assurance chômage largement déficitaire et peu incitatif au retour à l’emploi

Chaque année, les dépenses de l’assurance chômage s’élèvent à 30 milliards d’euros, soit 1,5 point de PIB. Le système est largement déficitaire puisque son endettement devrait être de 18,5 milliards d’euros en 2013. Deux questions soulevées par la Cour des comptes sont centrales :

- La question de la dégressivité de l’allocation chômage, supprimée en 2001. Depuis 2001, l’allocation est redevenue fixe pendant 24 mois au maximum. De plus, le niveau d’indemnisation proposé est plus élevé que dans beaucoup d’autres pays pour les salariés situés aux deux extrémités de l’échelle des revenus. Plusieurs études ont pourtant montré que la dégressivité de l’indemnisation chômage avait un effet incitatif sur le retour à l’emploi des plus qualifiés.[1]
Pour cette raison, le rapport de l’Institut Montaigne Redonner sens et efficacité à la dépense publique - 15 propositions pour 60 milliards d’économies propose de rétablir un régime d’allocations dégressives pour les personnes les plus proches de l’emploi.

- La réforme du régime des intermittents du spectacle. La Cour souligne que le système d’indemnisation des intermittents du spectacle entraîne un déficit annuel de l’ordre d’un milliard d’euros (soit les 2/3 du déficit 2011 de l’assurance chômage), à rapporter à une population de 273 000 cotisants (moins de 1 % de la population active). L’Institut Montaigne propose d’augmenter de 50 % les taux de cotisation employeurs et salariés, de réduire de 20 % le montant de l’allocation journalière (en moyenne 54 euros pour les artistes et 64 euros pour les techniciens) et de relever le seuil d’entrée dans le système de 507 à 550 heures travaillées.

Un système de formation professionnelle qui bénéficie avant tout aux plus qualifiés

Le véritable levier de la mobilité des salariés et du retour à l’emploi reste la formation. Chaque année, 150 000 jeunes quittent le système éducatif sans qualification. Quel avenir professionnel peut-on leur proposer ? Seule une formation continue de qualité pourra leur permettre de réussir sur le marché de l'emploi. Or malgré les 31 milliards d'euros dépensés chaque année dans la formation professionnelle, celle-ci bénéficie avant tout aux plus diplômés.

Près de la moitié des dépenses de formation professionnelle est consacrée à l’indemnisation des stagiaires pendant la formation. Pour la Cour, "cet effort a tendance à reproduire, voire amplifier, les inégalités engendrées par le fonctionnement du marché du travail, la formation bénéficiant plus aux salariés déjà les mieux formés. L’effort de formation des demandeurs d’emploi est particulièrement insuffisant".

Dans son étude Formation professionnelle : pour en finir avec les réformes inabouties, l’Institut Montaigne propose de remplacer progressivement l’obligation légale de payer faite aux entreprises par un système de subventions modulées en fonction de la distance à l’emploi de la personne formée. Il propose également d’évaluer et de certifier les formations dispensées.

Notes

[1] "L'effet de l'allocation unique dégressive sur la reprise d'emploi", B. Dormont, D. Fougère, A. Prieto, Economie & statistique n° 343, 2001, "Taux de sortie du chômage à l'approche de la fin des droits à l'indemnisation", X. Joutard, M. Ruggiero, Economie & prévision, n° 113-114, 1994, "Le chômage, fatalité ou nécessité ?", P. Cahuc, A. Zylberberg, Flammarion, 2009.

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