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23/01/2008

Universités françaises : comment faire face à la concurrence mondiale ?

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 Michaël Cheylan
Auteur
Contributeur sur les questions africaines

L’enseignement supérieur et la recherche, et bien, c’est tout simplement la clé de la croissance dans l'économie de la connaissance et de l’innovation. Il faut donc en faire une priorité absolue. Cela passe par l’émergence de leaders français dans la compétition universitaire mondiale. Pour y parvenir, il faut certes des moyens, beaucoup de moyens mêmes. Mais aussi des idées, de très bonnes idées même, pour que ce surplus d’argent, une fois dégagé, soit dépensé en pleine efficacité.

L’Université française, il est vrai, a perdu son prestige d’antan. Cependant, ici comme ailleurs, il n’y a pas de fatalité ni de d’irréversibilité. La pente descendante que suit notre enseignement supérieur depuis quelques années peut être renversée, et devenir ascendante. Comment ? En appliquant ces quelques recettes :


  • Ne pas vouloir faire table rase et tenir compte de l’existant. Procéder à des rapprochements forcés décidés de l'extérieur, entre universités et/ou grandes écoles, cela ne fonctionnera pas. Il faut prendre en compte les histoires et cultures propres à chaque établissement avant de procéder.
  • Laisser aux acteurs les plus directement concernés le soin de s’organiser. Même s'ils doivent y être incités par la mobilisation de puissants moyens financiers concentrés sur quelques pôles, il appartient aux établissements concernés de réfléchir aux évolutions souhaitables et nécessaires pour eux dans les années à venir.
  • S’inspirer, en les adaptant, des bonnes recettes utilisées ailleurs. Les grandes universités américaines (MIT, Harvard...), qui raflent les premières places des classements, ne doivent pas êtres les seules concernées. D’autres exemples doivent être décortiqués et passés à la loupe : on peut ici songer aux écoles polytechniques suisses de Zurich et Lausanne, elles aussi très brillantes sur la scène internationale - et dont la proximité géographique indique bien que c'est la volonté stratégique qui est en cause, et pas on ne sait quel problème culturel.
  • Dégager, enfin, les éléments invariables qui expliquent chacun de ces succès. Il s’agit en fait d’un petit nombre de critères d'excellence – sept en l’occurrence - que l’on retrouve aussi bien à Harvard qu’à Lausanne, et dans les autres universités – quelle que soit leur localisation - qui sont les plus en pointe : une masse critique d’étudiants (au moins 5 000) et de chercheurs (au moins 1 000) ; une unité géographique ; la recherche de l’excellence via la sélection des meilleurs chercheurs et des meilleurs étudiants ; une pluridisciplinarité alliant sciences, humanités, technologies et management ; une continuité entre enseignement supérieur et recherche ; des liens étroits avec l’industrie ; une gouvernance efficiente.

C'est aux universités, aux grandes écoles et aux centres de recherche de s'adapter et de s'allier pour renouer avec l'influence qu'ils méritent. Mais le gouvernement a, lui, la double responsabilité de le leur permettre et de les y inciter. Le rayonnement de nos universités, c’est donc aussi une question de volonté politique.

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